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Henri IV et Louis XVI ont un lien génétique

Présentation lors d'une conférence de presse le 16 décembre 2010 à Paris des résultats d'une étude scientifique qui ont permis d'identifier la tête d'Henri IV, assassiné en 1610 par Ravaillac [Fred Dufour / AFP/Archives] Présentation lors d'une conférence de presse le 16 décembre 2010 à Paris des résultats d'une étude scientifique qui ont permis d'identifier la tête d'Henri IV, assassiné en 1610 par Ravaillac [Fred Dufour / AFP/Archives]

Coup double pour une équipe de scientifiques franco-espagnole rassemblée autour de Philippe Charlier: ils ont trouvé un profil génétique commun entre la tête momifiée d'Henri IV et du sang séché provenant de son descendant, Louis XVI, validant l'authenticité des deux restes royaux.

Ces travaux, dont les résultats sont publiés lundi en ligne par la revue Forensic Science International, "montrent qu'Henri IV et Louis XVI ont le même patrimoine génétique passant par les pères", a expliqué à l'AFP le Dr Charlier, médecin légiste à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, en région parisienne, et grand spécialiste des énigmes historiques.

En confirmant par la génétique "la véracité de l'arbre généalogique entre Henri IV et Louis XVI", l'étude apporte un argument supplémentaire à l'authentification de la tête d'Henri IV, contestée par certains.

Retrouvée en 2008, après plusieurs siècles de pérégrinations, la tête du roi Henri IV avait été authentifiée en 2010, sur la base de nombreux recoupements scientifiques et historiques, par une équipe d'une vingtaine de spécialistes conduite par le Dr Charlier. Mais ils avaient alors échoué à extraire l'ADN.

Quant au sang attribué à Louis XVI, analysé en 2011 par une équipe italo-espagnole pilotée par Carles Laluela-Fox (Institut de biologie évolutive de Barcelone), il a été récupéré dans une sorte de gourde possédée par une famille aristocratique italienne.

Cette gourde aurait contenu un mouchoir qui avait trempé dans le sang royal, le jour où Louis XVI fut guillotiné, le 21 janvier 1793.

Sept générations séparent ces deux rois de France au destin tragique, Louis XVI descendant en ligne directe paternelle d'Henri IV, assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610.

L'enfant du miracle

C'est précisément l'ADN "paternel", l'ADN du chromosome Y, qui a parlé, balayant les derniers doutes sur l'authenticité de la tête d'Henri IV, selon le Dr Charlier.

L'Institut de biologie évolutive de Barcelone a travaillé sur un échantillon "provenant du plus profond de la gorge de l'individu" et a pu extraire un ADN partiellement exploitable.

La tête d'Henri IV a été séparée de son corps en 1793, sous le régime de la Terreur, lors de la profanation de la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France.

Elle n'est réapparue qu'au XIXe siècle dans une collection privée d'un comte allemand, avant d'être acquise en 1919 par un antiquaire de Dinard, puis revendue à un couple de retraités passionnés d'Histoire. Ceux-ci l'ont léguée au chef actuel de la maison de Bourbon, Louis de Bourbon.

Le paléopathologiste du CHU de Lille, Philippe Charlier, montre, le 29 septembre 2004, le crâne d'Agnès Sorel, maîtresse et inspiratrice du roi de France Charles VII, au lendemain de son exhumation, 555 ans après sa mort [Francois Lo Presti / AFP/Archives]
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Le paléopathologiste du CHU de Lille, Philippe Charlier, montre, le 29 septembre 2004, le crâne d'Agnès Sorel, maîtresse et inspiratrice du roi de France Charles VII, au lendemain de son exhumation, 555 ans après sa mort
 

La confirmation de la lignée paternelle entre Henri IV et Louis XVI apporte aussi indirectement une réponse aux historiens qui pouvaient douter que Louis XIV soit bien le fils de Louis XIII, et non de Mazarin. "L'enfant du miracle" était né plus de 20 ans après le mariage de Louis XIII, le premier fils d'Henri IV, avec Anne d'Autriche.

Des parcelles du coeur de Louis XIII et de celui de Louis XIV sont conservées à la basilique Saint-Denis, mais l'équipe du Dr Charlier n'a pas été autorisée à les étudier.

Parfois surnommé "l'Indiana Jones des cimetières", le Dr Charlier a notamment révélé l'empoisonnement au mercure d'Agnès Sorel, favorite de Charles VII.

Plus récemment, il a travaillé sur des fragments du coeur de Richard 1er d'Angleterre, dit Richard Coeur de Lion. "Les résultats sont imminents", a-t-il déclaré, avant son départ pour la Transylvanie où il doit étudier des squelettes de prétendus vampires.

Quant à l'équipe de Carles Lalueza-Fox, maintenant qu'elle a la confirmation que le sang séché est bien celui de Louis XVI, elle pourrait tenter de déchiffrer le génome complet du dernier monarque absolu de l'Histoire de France et en tirer des informations sur la famille royale, comme la consanguinité ou la susceptibilité aux maladies.

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