Le calendrier le plus précis et le plus riche jamais élaboré dans le monde n’est qu’un des aspects de l’héritage des mayas, qui ont également marqué de leur empreinte l’art, l’architecture ou la cuisine, entre autres domaines de la vie quotidienne en Amérique centrale et au Mexique, selon des experts.
Ce calendrier, comptant 18 mois de 20 jours plus le "Wayeb", un mois sacré de cinq jours, a débuté en 3114 avant Jésus Christ. Il prévoit une nouvelle ère fixée par commodité au 21 décembre prochain (des chercheurs parlent plutôt du 23), événement qui fera l'objet de célébrations dans tout le sud du Mexique et dans quatre autres pays où l'influence de la culture maya perdure (Guatemala, Belize, Salvador, Honduras). Cette date marque la fin d'un cycle de 5.200 ans, interprété par certains comme une prophétie de la fin du monde.
"Le calendrier maya ne consiste pas seulement à compter les secondes, les minutes et les heures", mais constitue un modèle figurant "l'évolution des astres et la manière dont elle influe de manière cyclique sur la vie humaine", explique à l'AFP l'anthropologue guatémaltèque Alvaro Pop, membre de l'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations unies.
Selon M. Pop, cette expertise en matière d'astronomie leur avait permis de déceler une influence de ces astres sur les marées, les naissances ou les plantes notamment.
Mais l'apport de cette civilisation, qui connut son apogée entre 250 et 900 après Jésus-Christ, va bien au-delà de ces domaines. Les experts soulignent que les mayas ont apporté leur contribution à l'architecture, aux mathématiques, à la topographie, à l'art textile ou à la cuisine, des apports encore visibles aujourd'hui.
ci-dessus
Premiers cultivateurs de maïs
En matière culinaire par exemple, ce sont les mayas qui ont les premiers cultivé le maïs il y a environ 3.000 ans, pour en faire aujourd'hui l'ingrédient de base de la plupart des repas dans cette région.
Ils furent aussi parmi les premiers à consommer et cultiver le cacao et, selon certains, ce sont eux qui auraient eu l'idée de mâcher le "chicle" issu de la sève d'un arbre endémique du Mexique et d'Amérique centrale, l'ancêtre du chewing-gum.
Les mayas et leurs descendants, notamment au Guatemala, sont aussi connus pour leurs tissus multicolores, qui selon M. Pop "constituent l'expression de vie la plus belle et la plus explosive sur le continent et dans le monde".
L'impact de cette civilisation est également palpable du point de vue du langage. Au total, les mayas ont parlé 36 langues dans leur histoire et dans différentes régions, et nombre d'entre elles subsistent au sein des populations indigènes, avec une structure grammaticale très élaborée.
Le Popol Vuh, livre sacré des mayas, en est le témoignage historique le plus important. Ouvrage mythologique, il relate l'origine du monde et plus particulièrement du peuple Quiché, l'une des nombreuses ethnies mayas. Comme sur les stèles retrouvées dans de nombreux sites, s'y exprime avec clarté la spiritualité et la connaissance astrale de cette civilisation.
Un peu plus que des ruines
Selon l’anthropologue costaricienne Ana Cecilia Arias, les architectes mayas, auteurs d'imposantes pyramides, et leurs descendants ont également concouru à l'expertise actuelle en matière architecturale. De nombreux architectes d'ethnies mayas ont ensuite mis ces connaissances à profit en participant à la conception d'églises dans la région.
Mais on oublie souvent que l'héritage le plus important des mayas est aussi humain. Plusieurs millions de descendants vivent actuellement en Amérique centrale - principalement au Guatemala - ainsi qu'au Mexique. La plupart s'évertuent à perpétuer rites et traditions hérités de leurs illustres ancêtres, même s'ils se trouvent souvent en proie à l'exclusion sociale et à la pauvreté.