Les plus grands noms de la bande dessinée franco-belge, dont Bilal, Loisel et Schuiten, mais aussi la veuve d'Hergé, ont menacé de publier leurs albums ailleurs que chez Casterman après la démission de Louis Delas et des déclarations "inquiétantes" du patron de Gallimard.
Le 8 novembre, l'éditeur français Gallimard, qui a racheté Flammarion/Casterman, avait annoncé la démission de Louis Delas du poste de directeur général de Casterman, qu'il occupait depuis 1999. M. Delas a ensuite rejoint la direction de l'entreprise familiale, L'Ecole des Loisirs.
"Nous avons appris brutalement, et avec consternation la démission de Louis Delas et la situation qui l'y avait contraint", écrivent dans cette lettre transmise à l'AFP les auteurs Casterman parmi lesquels Enki Bilal, Jacques Tardi, Philippe Geluck, Franck Margerin, François Schuiten, Fanny Rodwell (ayant droit d'Hergé) ou encore Patrizia Zanotti (ayant droit de Hugo Pratt).
"Depuis plus de douze ans, il (Louis Delas) était l'artisan du redressement et du développement de la maison Casterman", poursuivent les auteurs dans cette lettre intitulée "Sans auteurs, pas d'éditeur!".
Les auteurs assurent avoir accueilli "avec intérêt" l'annonce d'un rachat de Flammarion/Casterman par Gallimard, concrétisé en septembre 2012.
Mais le 6 juin, "nous avons découvert avec beaucoup d'inquiétude" la déclaration d'Antoine Gallimard, patron de la maison d'édition, annonçant que, "même si Casterman était +un joli joyau+, Gallimard pourrait être contraint, +dans un contexte de crise+, de le vendre pour faire face à ses échéances".
"Aujourd'hui, (...), nous avons le triste sentiment d'avoir été instrumentalisés en vue d'un transfert purement capitalistique", disent-ils, refusant de "servir de +vaches à lait+ à une quelconque trésorerie".
"Si par hasard vous avez oublié que sans auteurs, il n'y a pas d'éditeur, nous vous le rappelons aujourd'hui. Et c'est sous d'autres cieux éditoriaux plus amicaux que certains d'entre nous publieront sans doute leurs prochains albums", préviennent-ils.
Le PDG de Gallimard a réagi mardi en assurant avoir aussi racheté Flammarion "pour conforter la place de Casterman, et donc celle de ses auteurs, parmi les éditeurs de bandes dessinées".
L'importance de la création éditoriale dans la BD "m'a motivé à reprendre Futuropolis et à créer un secteur de bande dessinée chez Gallimard Jeunesse" et "je souhaite continuer avec vous tous à faire vivre cette maison, qui est autant la mienne que la vôtre", assure M. Gallimard.