Loin de la délicatesse et des dentelles romantiques vues à la Fashion Week de New York cette semaine, Marc Jacobs a revisité les années 60 avec des lunettes grossissantes révélant de larges bandes noir et blanc, un rien hypnotisantes.
"Mesdames et messieurs, veuillez vous asseoir, le spectacle va commencer!" D'entrée, le défilé de Marc Jacobs se veut un "show" à part, une performance qu'aucun blogger de mode ou fashionista digne de son public sur Twitter ne saurait manquer.
De la rédactrice en chef de l'édition américaine de Vogue, Anna Wintour, à la chanteuse et créatrice Kelly Osbourne, jusqu'à la star latine Ricky Martin, le tout New York s'était pressé lundi soir aux portes d'une ancienne armurerie du sud-est de Manhattan, la Lexington Armory, où le créateur produit ses défilés.
Distant géographiquement du centre officiel de la Semaine de la mode, le Lincoln Center, et de ses satellites du quartier de Chelsea, le défilé de M. Jacobs l'était tout autant par le style.
Dès leurs premiers pas sur la gigantesque scène triangulaire blanche, au son rock de "Copped It" du groupe punk britannique The Fall, les "filles" Marc Jacobs donnent le ton.
Le printemps-été du new-yorkais Marc Jacobs sera largement noir et blanc, plus rarement mauve, ou brun clair, tout en rayures épaisses verticales, puis horizontales ou sinueuses.
Il sera "très brutal, très sexy, très direct, sans romance, sans émotion, avec juste de la puissance, de la force et de la simplicité", a précisé Marc Jacobs à l'AFP en coulisses, après le défilé.
Sur le podium, tout va très rapidement. Les silhouettes s'enfuient, offrant tout juste assez de temps au spectateur/visiteur pour qu'il garde en mémoire une impression furtive des années 60, de robes trapèzes et de bandes aussi originales que risquées pour des femmes moins effilées que les jeunes tops de M. Jacobs.
"Chaque année, j'essaie de battre un record de vitesse. Mon rêve est que ce défilé ne dure qu'une minute, qu'il soit terminé avant même que les gens aient pu le voir!", s'amuse le créateur.
Mais au-delà du défi logistique, cette tendance à la vitesse, très éloignée d'un romantisme à la Carolina Herrera, à la Thakoon, ou de la femme sexy et parée de dentelles d'un Jason Wu, reflète la volonté créatrice du designer.
L'idée était ici "qu'elles (les femmes) puissent bouger", explique-t-il. "Elles portent des talons plats, elles portent des jupes qui les laissent se mouvoir, elles portent des bandes".
Bandes mates sur robes longues ou ultra courtes, rétro et psychédéliques, à finition en corolles, les pièces se font de plus en plus scintillantes, au fil du défilé, superbes, à sequins. Entre-temps, un Mickey Mouse s'est invité sur un minuscule T-shirt noir à manches longues découvrant le ventre jusqu'aux seins.
Avec un ensemble de tailleurs ajustés, de cols à volants et de pièces graphiques, Marc Jacobs dit avoir voulu "donner du sex-appeal et de la force à la femme sans la rendre vulgaire"
A noter, également, à l'inverse de l'air du temps, les tailles étaient plus basses.
"Propre, minimaliste, (...) dramatique, sinueux et fou", salue Brian Boy, un blogger de mode sur Twitter. "Marc Jacobs étend la silhoueette", salue elle, en ligne, la critique du New York Times Cathy Horyn.
Cara Delevingne, jeune top britannique pour qui ce défilé était une première chez Marc Jacobs, savoure aussi son expérience: "Marc est une inspiration", a-t-elle confié à l'AFP en quittant le défilé.