A l'image de Metallica, qui fêtera samedi les 20 ans de son "Black Album" au Stade de France, de plus en plus d'artistes consacrent des concerts à jouer un de leurs albums phare en entier, une manière de plonger les fans dans la nostalgie qui peut s'avérer périlleuse.
Publié en 1991, l'"album noir" - surnommé ainsi en raison de sa pochette - est un des disques les plus vendus de l'histoire du rock, avec 28 millions d'exemplaires écoulés dans le monde.
C'est en fait le directeur de Download, un des plus gros festivals de hard-rock en Grande-Bretagne, qui a soufflé l'idée de le jouer en entier au groupe américain, tête d'affiche de l'édition 2012.
"Bien que nous n'ayons pas joué à Donington (lieu du festival, ndlr) depuis six ans, nous sommes venus au Royaume-Uni presque chaque été depuis. Alors ils voulaient que nous fassions quelque chose de différent", a expliqué Lars Ulrich, le batteur de Metallica, à la presse.
Signe de l'engouement du public pour ce genre d'événement, le Stade de France a été complet en 48 heures.
Car jouer un album en entier pour marquer l'anniversaire de sa sortie est devenu une mode dans le monde du rock et de la pop.
Muse et Iggy Pop se sont déjà prêtés au jeu et Liam Gallagher appelle de ses voeux une reformation d'Oasis en 2015 pour mettre sur pied une tournée des 20 ans du plus célèbre album du groupe "(What's the story) Morning Glory".
"Il y a une demande. Les fans qui nous suivent depuis longtemps nous ont peut-être vus dix fois sur scène. En revanche, ils n'ont jamais entendu ces vieilles chansons obscures en concert", expliquait récemment au Parisien le chanteur de Simple Minds Jim Kerr, qui rejoue sur scène les albums de ses débuts.
"C'est une façon aussi de rappeler au bon souvenir des gens qu'on a fait un truc qui a marqué une époque", note Dominique A, en tournée avec son premier album, "La Fossette", pour célébrer ses 20 ans de carrière.
"Ces albums sont des marqueurs et quand on les réécoute, ils sont souvent plus intéressants pour ce qu'ils ont signifié que pour ce qu'ils sont. Et c'est ça le problème", estime le chanteur, confiant à l'AFP qu'il ne retentera pas l'expérience.
Car l'exercice est périlleux. Outre la frustration créée par un concert forcément plus court (un album dure en moyenne 45 minutes), l'artiste doit composer avec les moments faibles du disque, interpréter des chansons qui ont vieilli et trouver le moyen de créer la surprise.
Dominique A a choisi de réarranger certains titres, au risque de décevoir les inconditionnels de la version initiale. Paul Simon, qui fêtera les 25 ans de "Graceland" cet été à Londres, a convié des invités prestigieux.
Metallica a prévu des inédits. Et opté pour un pied de nez: le groupe joue le "Black Album" à l'envers, de la dernière à la première chanson.