L'acteur belge Jérémie Renier a bossé dur pendant six mois: le chant, la danse, les abdos et le souffle, pour se couler dans la peau de l'idole française "Cloclo". Lui qui connaît mieux Jacques Brel que l'auteur de "My Way".
"Claude François ce n'est pas vraiment ma génération ni mon patrimoine", confie-t-il à l'AFP à quelques jours de la sortie du biopic consacré au chanteur (mercredi).
La silhouette toujours aussi svelte en jean et tee-shirt, mais le cheveu court et la barbe blonde, l'acteur a retrouvé sa vraie peau, après avoir doublement joué avec la sienne: plus 18 kilos pour son rôle dans "Possessions", d'Eric Guirado, libre adaptation de l'affaire Flactif. Moins cinq pour "Cloclo".
"Je suis sec de nature, franchement le plus gros travail c'était de prendre du poids": il se souvient "du McDo à 10h00 le matin", et de compléments alimentaires à 1.300 calories la canette.
Entre les deux films, terminés respectivement il y a 18 et 7 mois, l'acteur a eu le temps de tourner une farce de cape et d'épée en collants, "Philibert". Et depuis, il a bouclé un film en Argentine ave Ricardo Darin ("Dans ses yeux").
Jérémie Renier fait tout vite: né au cinéma à 14 ans devant la caméra des frères Dardenne ("La Promesse") auxquels il reste fidèle - il était encore le père du "Gamin au vélo" à Cannes en 2011 - il a, à 31 ans, fait 40 films et deux enfants.
Pour pénétrer dans l'univers de "Cloclo", il a mené "une véritable enquête, remonté le fil d'une vie pour aller vers la vérité".
L'acteur, qui avait l'assentiment des deux fils du chanteur, a pu avoir accès au premier cercle, visionner 400 heures d'enregistrements et les courts moments de vidéo où il s'oubliait, et avaler les innombrables biographies et souvenirs signés notamment des ex-maîtresses.
Quadruple vie
"Chacun avait sa propre vision de Claude François, il fallait se l'approprier et faire le tri: beaucoup continuent de le protéger, ils avaient du mal à décrire réellement son caractère", souvent tyrannique, entre contrôle verrouillé et "pétages de plombs". Sans compter les côtés noirs: les enfants que l'on enferme et cache, "une triple, voire quadruple vie"...
Une chanteuse dont il tait le nom lui a donné la clé qu'il recherchait.
"Quand on construit un personnage qui a existé, on se met sur des rails: il faut chercher le détail qui va donner la vérité sans tomber dans la caricature."
"Quand des gens qui l'avaient bien connus passaient sur le tournage, je voyais qu'ils étaient troublés et j'en jouais."
Parallèlement vint l'apprentissage du chant - la voix nasillarde, qui venait du nez mais aussi de la gorge, "comme si elle était étroite": l'acteur a enregistré tous les concerts pour un play-back plausible et les morceaux chantés en répétition.
Et la danse: Claude François était un athlète total, capable de chanter en dansant deux heures d'affilée. Pour le suivre, Jérémie Renier a pris un coach qui lui a assigné des séries montant crescendo jusqu'à 1.200 abdos par jour.
"A la fin du tournage, il y a moins de scènes de danse et ça finissait par me manquer!"
L'acteur s'avoue "perfectionniste insatisfait", à la manière du chanteur. "J'ai beaucoup bossé. Six mois de préparation, je n'en ai jamais fait autant. Mais c'est la première fois que je porte un aussi gros film (20 millions d'euros) sur les épaules. Je voulais être au top."
Maintenant, il prévoit une pause et un premier film avec son frère. Il a déjà signé un documentaire évoquant son grand-père, ingénieur électricien "qui a vécu à Alexandrie".