Plus qu'un simple phénomène météo, la pluie est dans un grand nombre de cultures un symbole de vie et de fertilité, parfois aussi de destruction, dont le musée du Quai Branly invoque les esprits jusqu'au 13 mai à travers 95 pièces issues de ses collections.
Tout simplement intitulée "La pluie", l'exposition s'ouvre sur des sons de pluie destinés à mettre le visiteur dans cette ambiance "climatique", avec un aperçu du savoir-faire développé par différents peuples pour se protéger de cette eau qui tombe du ciel.
Un étonnant anorak pour enfant d'Alaska, en intestins de phoque cousus, côtoie une cape de pluie en fibres végétales tressées des Philippines ou de Nouvelle-Zélande ainsi qu'un parapluie en bambou et papier huilé japonais.
En cherchant à maîtriser une force dévastatrice ou à susciter la venue de l'eau nécessaire aux cultures, les hommes ont élaboré des "rituels de pluie" parfois complexes, auxquels est consacrée la deuxième partie de la visite.
Les masques jouent un rôle important dans ce domaine dans différentes régions d'Afrique: papillon chez les Bwas du Burkina Faso, crocodile chez les Bozo du Mali... En Inde ou en Algérie, ces rituels sont réalisés par le biais de statuettes, en général féminines mais aussi parfois sous forme de "couple" symboliquement unis en référence à la fertilité de la pluie.
Des couples symboliques que l'on retrouvent aussi dans les "clarinettes" utilisées par certains indiens de Bolivie pour contrôler les pluies, avec un instrument "époux" et un instrument "épouse" s'accompagnant mutuellement.
Chez les indiens Hopis du désert d'Arizona, ce sont des sonnailles dont le choc rappelle le bruit de la pluie qui sont utilisées par les danseurs. Des danseurs "katsina" dont il existe autant de spécialités que de formes de pluies: pluie fine, forte, mouillante, brève et électrique, bruine ou encore gros flocons de neige, etc.
La dernière section de l'exposition, située sur la mezzanine est du musée, illustre les "symboles et représentations" de la pluie, souvent similaires d'une région et d'une période à une autre: arc-en- ciel, foudre, tonnerre mais aussi batraciens et serpents sont étroitement associés à la pluie.
Des serpents d'une dimension à ce point mythique qu'ils deviennent parfois dragons ou "nagas", esprits de l'eau célébrés au Laos par des fusées "mâles" sculptées à leur effigie et tirées dans les nuages "femelles" au début de la saison des pluies pour provoquer la pluie, synonyme de fertilité.
Pour d'autres, les Aztèques notamment, la pluie était tout simplement de nature divine nécessitant parfois des sacrifices humains.