Des dizaines d’athlètes – dont au moins 15 médaillés - de l’équipe olympique de Russie étaient dopés lors des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi 2014, selon des révélations du directeur de l’agence antidopage du pays.
Le docteur Grigory Rodchenkov, mis en lumière par le scandale révélé par l’Agence mondial antidopage (AMA) en novembre dernier, décrit dans les colonnes du New York Times les rouages de cette supposée opération ayant fonctionné «comme une montre suisse», selon ses propres dires, et qui aurait concerné près d’une centaine de sportifs.
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Durant les Jeux, les experts antidopage russes et les services secrets du pays auraient ainsi remplacé des échantillons d’urine, contaminée par un cocktail de trois drogues prohibées et d’alcool, par de l’urine propre collectée des mois auparavant. Ces substitutions auraient été réalisées plusieurs nuits de suite, quatre heures durant, à la chiche lumière d’une simple lampe dans un laboratoire. Là, les éprouvettes devant êtres testées le lendemain auraient été remplacées par l’entremise d’un trou de la taille d’une main à travers le mur. «Nous étions complètement équipés, au courant, expérimentés et parfaitement préparés pour Sotchi comme jamais auparavant», détaille Grigory Rodchenkov.
Le plan, parfaitement huilé, aurait ainsi fait ses preuves. A la fin des Jeux d’hiver, aucun athlète russe n’aurait été inquiété, alors que seraient concernés 14 membres de l’équipe de ski de fond et deux de l’équipes de luge ayant remporté deux médailles d’or. Un plan méticuleux qui aurait donc permis à la Russie de terminer première au tableau des médailles avec 33 breloques (dont 13 en or), devant le rival américain.
Dénégation et enquête
En Russie, on s’insurge de pareilles allégations. Le ministre des Sports Vitaly Moutko a expliqué dans un communiqué, rédigé après avoir été mis au courant de l’article du New York Times, que les accusations portées contre ces «athlètes exceptionnels», étaient sans fondement et rien de plus que des «inepties». «Nous allons examiner cet article et voir comment réagir», a-t-il par ailleurs déclaré. Le Kremlin a réagi à son tour vendredi dénonçant «des accusations totalement sans fondement» et des «calomnies d'un transfuge», faisant référence à l'installation du Dr. Rodtchenkov après sa démission en novembre 2015.
Le Comité international olympique (CIO), de son côté, prend très au sérieux ces révélations et, par la voix de Mark Adams, porte-parole de l’organisation, a demandé une enquête. «Ces accusations sont très précises et très détaillées et nous demandons à l’agence mondiale antidopage d’enquêter immédiatement», a t-il indiqué dans un communiqué. Une enquête qui, si elle venait à confirmer les déclarations de Rodchenkov, pourrait bien porter un nouveau coup à la fédération sportive russe, qui a vu ces athlètes, soupçonnés de dopage, être interdits de participation au JO de Rio qui se tiennent du 5 au 21 août prochain.