Une étude australienne sur l’homophobie dans le sport, réalisée à l’initiative du comité organisateur d’un tournoi international de rugby gay à Sydney, a mis en lumière les difficultés rencontrées par les personnes concernées au quotidien.
Plus de 9 500 personnes de pays anglo-saxons, principalement homosexuelles - lesbiennes et bisexuelles - mais également hétérosexuelles, ont été interrogées pour cette étude nommée "Out of Fields". Les résultats révèlent ainsi que 80 % des participants ont déjà fait l’expérience ou été témoins d’homophobie sur un terrain de sport.
Dans le détail, 27% des homosexuels et 17% des lesbiennes avouent avoir déjà reçu des menaces verbales. Pire encore, 19% ont déjà été agressés physiquement chez les hommes et 9% chez les femmes. 85% ont par ailleurs déjà été insultés sur le terrain.
Une peur également en tribunes
L’homophobie est également perçue dans les tribunes. 78% des sondés estiment que des homosexuels, lesbiennes ou bisexuels (LGB) ouvertement revendiqués ne seraient pas en sécurité en tant que spectateurs. 1% seulement pensent d’ailleurs que les membres de ces communautés sont "complètement acceptés" dans la culture sportive.
62% des participants jugent même que l'homophobie est davantage présente dans le monde du sport que dans le reste de la société.
Comportement face à la situation
Ce sentiment d’insécurité se ressent sur le comportement des LGB. 81 % des homosexuels et 74% des lesbiennes de moins de 22 ans (contre 49% et 39% chez les adultes) avouent cacher leurs préférences sexuelles lorsqu’ils pratiquent un sport. Respectivement 48% et 32% de ces sondés le font car ils ont peur d’être rejetés.
"Certaines personnes LGB peuvent exceller au sport mais de nombreuses autres se sentent obligées de taire leur préférences sexuelles pour continuer à pratiquer le sport qu'elles aiment, surveillant chacune de leurs paroles", explique ainsi Caroline Symons, spécialiste de cette question à l'Université Victoria de Melbourne.
Vers un changement des mentalités ?
Une sentiment de discrimination pouvant aller plus loin et empêcher les LGB de pratiquer un sport, comme l'affirme Grant O'Sullivan, lui aussi chercheur à l'Université de Victoria. "Ceux qui tiennent ces propos ne veulent bien souvent pas faire de mal mais ils peuvent être nuisibles lorsqu'ils sont entendus par des gens qui sont en difficulté vis à vis de leur sexualité".
Cette étude, espère Robbie Rogers, footballeur professionnel ouvertement homosexuel, pourrait toutefois changer la donne et les mentalités. "Chaque athlète, chaque fan, pourrait décider de ne pas tenir de propos homophobes, même s'ils sont censés être humoristiques".