"Le Qatar ne se limitera pas à jouer le rôle du trublion." Claude Onesta ne croyait pas si bien dire avant de prendre la direction de Doha, la capitale qatarie, pour disputer la 24e édition du championnat du monde de handball.
Mais le sélectionneur tricolore ne s’attendait sûrement pas à retrouver, ce dimanche, le pays hôte en finale. Et pourtant, ce sont bel et bien les "locaux" qui tenteront d’anéantir le rêve des Bleus, en quête d’un cinquième titre historique dans l’émirat.
Cette équipe, montée de toutes pièces avec des joueurs naturalisés pour l’occasion, a déjoué tous les pronostics pour se hisser jusqu’en finale et créer l’une des plus grandes sensations de l’histoire du sport. "Contrairement à ce que j’ai pu entendre, nous ne sommes pas des mercenaires, s’est exclamé Bertrand Roiné, champion du monde avec… la France en 2011. On joue avec le cœur, on donne tout ce qu’on a. On est une vraie équipe. On l’a encore prouvé contre la Pologne. Ce n’est pas un hasard si on est en finale." Ce qui est déjà une performance historique.
Mais si le Qatar est devenu le premier pays non-européen à se qualifier pour la finale d’un Mondial, il ne veut pas s’arrêter si bon chemin. La bande à Valero Rivera, sacré avec l’Espagne en 2013, imagine désormais un destin doré. "Pourquoi ne pas créer encore la surprise en finale, a confié l’ancien arrière de Chambéry. C’est dur, on est fatigués et on a des joueurs blessés. Mais on va tout donner pendant soixante minutes". Ce dont les Bleus ne doutent pas, eux qui ont vanté les mérites des Qatariens. "Ils méritent leur place. Ils jouent un très beau handball avec de très bons joueurs, et un excellent gardien. Ils vont vraiment être prêts à mourir sur le terrain ", a indiqué Luka Karabatic. "Le Qatar ne nous est pas inférieur. Ils ne sont pas en finale par chance. Ils ont beaucoup travaillé pour cette compétition. Si on les dévalorise, ça nous sera fatal», a assuré Cédric Sorhaindo. Lui et ses coéquipiers devront également composer avec un environnement hostile. "Ça va être un match hyper compliqué. Quand on voit cette salle immense qu’ils vont remplir à fond, ça va faire énormément de bruit", a prédit Xavier Barachet. Même son de cloche chez Michaël Guigou. "On sera chez eux, ça sera forcément difficile".
Mais les Bleus en ont vu d’autres, car ce n’est pas la première fois qu’ils rencontrent le"pays hôte" en finale d’une Coupe du monde. En 2009, ils sont venus à bout de la Croatie avant d’en faire de même, deux ans plus tard, avec le Danemark à Malmö, capitale suédoise située à quelques centaines de mètres seulement de la frontière danoise. "Les Bleus savent jouer ces grands moments, a souligné Roiné. Ce sont des grands joueurs. C’est la meilleure équipe du monde." Et elle est en passe d’écrire une nouvelle page de sa légende, vingt ans après son premier sacre mondial. En cas de succès sur le parquet de la Lusail Arena, la France validerait non seulement son billet pour les JO de Rio en 2016, mais elle est deviendrait surtout la première nation quintuple championne du monde (1995, 2001, 2009, 2011). Une performance sans égale qui viendrait se greffer à un palmarès également riche de deux titres olympiques (2008, 2012) et trois titres européens (2006, 2010, 2014). Excusez du peu !
Dans cette volonté de domination absolue, difficile d’imaginer les Experts se casser les dents sur le Qatar. Auteurs d’un premier tour ronronnant, ils n’ont cessé de monter en puissance au fil des matchs couperets pour devenir pratiquement imbattables. Les hommes de Claude Onesta ont expédié l’Argentine, puis la Slovénie avant de faire plier en demi-finale l’Espagne, tenante du titre, tout en maitrise. Et surtout grâce à une défense de fer et un Thierry Omeyer infranchissable, lui qui a déjà été désigné homme du match à quatre reprises depuis le début de la compétition. "Je félicite "Titi" pour tout ce qu’il fait, pour cette rage qui l’anime encore et toujours, pour son caractère de bosseur perpétuel, a lancé Cédric Sorhaindo. Malgré tous les titres qu’il a gagnés, il continue de tirer tout le monde vers le haut." Et si le portier français récidive devant les Qataris, il emmènerait avec lui les Tricolores directement dans les étoiles.