Le gouvernement français entend profiter de l'embellie sur le marché de l'électricité en 2024 pour renflouer les caisses de l’Etat, amoindries par le bouclier tarifaire visant à lutter contre la crise énergétique. Les tarifs de l’électricité devraient ainsi grimper de près de 10 % en février prochain en raison d’une forte hausse des taxations sur cette énergie.
Une hausse de la fiscalité sur l’électricité pour compenser les pertes liées au bouclier tarifaire. En novembre dernier, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a assuré que l’augmentation du tarif réglementé de l’énergie ne sera pas supérieur à 10 % au 1er février 2024, conformément à la loi de finances pour 2024.
Une baisse des prix sur le marché de gros en 2024
Pour parvenir à cette hausse de la facture d’électricité chez les Français dès février prochain, le gouvernement entend s’appuyer sur une baisse de prix constatée sur le marché de gros de cette énergie.
La Commission de régulation de l'énergie (CRE), en charge de réguler les tarifs réglementés de vente d'électricité (TRVE) hors taxe, a annoncé dans un communiqué publié ce mercredi une baisse de cette tarification de 0,35 %. Cela équivaut à une chute de prix de 0,74 euro/MWh par rapport aux valeurs affichées depuis le 1er août dernier.
Évolution des #tarifs réglementés de vente d’#électricité.
Au 1er février 2024, le calcul du niveau moyen des TRVE baisse de – 0,35% HT par rapport aux TRVE gelés en vigueur depuis le 1er août 2023.
Pour plus d'information, consultez notre communiqué :https://t.co/o9eKDaNUPv— CRE (@CRE_energie) January 10, 2024
L’instance justifie ce recul de la tarification par «la baisse du coût d’approvisionnement au regard de la détente des prix sur le marché de gros de l’électricité en 2023».
Un recul des prix permettant de rehausser les taxes
Le gouvernement souhaite profiter de cette baisse de prix annoncée par la CRE pour augmenter la taxation et renflouée les caisses de l’État après l’énorme effort financier consenti avec le bouclier tarifaire lors de la crise énergétique touchant la France l’an dernier.
«Le prix de l'électricité baisse dans notre pays, ce qui nous permet de remettre progressivement des taxes», avait expliqué Thomas Cazenave, le ministre délégué chargé des Comptes publics, en décembre dernier sur franceinfo.
En raison d’une année 2022 noire sur le marché de l’électricité, les prix de cette énergie avaient bondi de 25 % l’année suivante pour les consommateurs. En cause, les déboires du géant EDF et la mise à l’arrêt d’un grand nombre de réacteurs nucléaires avaient fait bondir les prix de l’énergie.
Le bouclier tarifaire mis en place en 2022 avait permis de faire baisser la taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité (TICFE) à un euro le mégawattheure contre 32 auparavant afin de redonner du pouvoir d’achat aux Français. D’après Les Echos, les pertes économiques liées à ce dispositif sont estimées à 9 milliards d’euros.
L’exécutif doit rendre sa décision finale sur le niveau de taxation de l’électricité à la fin du mois de janvier. Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, sera ainsi exposé à un sujet hautement inflammable. En effet, 44 % des Français ont placé le pouvoir d’achat comme la principale source de leurs préoccupations selon un sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD publié ce jeudi.