Le transport aérien bientôt à l’arrêt ? Alors que l’épidémie et la restriction des déplacements s’intensifient, le groupe Air France-KLM a annoncé ce lundi matin dans un communiqué réduire son offre de 70 à 90% lors des deux prochains mois.
«Certains pays ont imposé des contraintes à la circulation des voyageurs en provenance de France, des Pays- Bas ou plus largement d’Europe. (…) Face à ces restrictions croissantes sur la possibilité de voyager et à une demande fortement orientée à la baisse qui se sont traduites sur les dernières semaines par une baisse du trafic et des ventes, le Groupe Air France- KLM va devoir au cours des prochains jours réduire progressivement son activité de manière très significative, avec une offre en sièges kilomètres offerts (SKO) qui pourrait baisser entre -70% et -90% » explique ainsi la compagnie et ce pour une période de deux mois.
Dans ce contexte, la compagnie immobilisera l’ensemble de sa flotte Airbus et KLM l’ensemble de sa flotte de Boeing 747.
Des mesures économiques pour faire face
Pour faire face à cette situation, le groupe, dont le titre Air France-KLM a dévissé de plus de 17 % ce lundi matin à l’ouverture de la bourse de Paris, précise qu’il a pris des mesures fortes pour sécuriser sa trésorerie. Parmi elles : 200 millions d'euros d'économies pour 2020, la mise en œuvre de chômage partiel ou encore une réduction de 350 millions d'euros de son plan d'investissement «auxquels s'ajoutera l'impact de la baisse d'activité sur le montant des investissements de maintenance». Annoncé en février, ce plan d'investissement prévoyait de mobiliser 3,6 milliards d'euros pour 2020.
Enfin, le groupe «a tiré la semaine dernière une ligne de crédit renouvelable pour un montant total de 1,1 milliard d'euros et KLM a pour sa part tiré une ligne de crédit renouvelable pour un montant total de 665 millions d'euros», et dispose, à la date du 12 mars, «de plus de 6 milliards d'euros de liquidités».
Il conclut en expliquant avoir «accueilli positivement les déclarations exprimées par l'Etat Français et l'Etat Néerlandais qui ont indiqué chacun étudier toutes les conditions possibles d'un soutien au groupe».
Il faut «nous assurer qu'Air France passe ce moment difficile (...) dans les meilleures conditions possibles», avait déclaré jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, après l'annonce de la décision de Donald Trump de suspendre l'entrée des Européens aux Etats-Unis.
De son côté, le président directeur général du groupe Benjamin Smith est revenu sur cette situation inquiétante dans une vidéo destinée aux employés : «Ces dernières heures tout a changé. Nous vivons un moment historique où chacun à son rôle à jouer» a-t-il expliqué précisant que la réduction d'activité d'Air France et Transavia devrait atteindre les 80 à 90 % d’ici à la fin de la semaine et que la réduction d'activité de KLM et Transavia Hollande était actuellement à l'étude alors quue les Pays-bas viennent de renforcer leur mesure sanitaire. Il est également revenu sur les mesures prises précisant, qu'il réduisait également sa rémunération de 25 %, avant de conclure : «Dans le secteur aérien nous avons connu des crises graves : le 11 septembre, le SRAS, le volcan islandais et nous les avons toujours surmontées et ce sera le cas à nouveau».
Toutes les compagnies impactées
Le groupe Air France-KLM, qui rassemble 85 000 collaborateurs, n’est pas le seul à prendre ce type de mesures.
C’est également le cas d’easyJet qui explique avoir «dû procéder à un nombre important d’annulations supplémentaires. Ces annulations se poursuivront dans un avenir proche et pourraient entraîner l’immobilisation de la majorité de la flotte easyJet. EasyJet continuera d’opérer des vols de rapatriement durant de courtes périodes», a noté la compagnie low cost, ce lundi 16 mars.
Johan Lundgren, Directeur Général d'easyJet, a déclaré : «easyJet fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire face aux défis du coronavirus afin que les personnes, l’économie et les entreprises continuent à bénéficier des avantages de l’aviation. Nous continuons à organiser des vols de rapatriement afin que nos clients puissent rentrer chez eux et être avec leur famille et leurs amis en ces temps difficiles. L'aviation européenne est confrontée à un avenir précaire et il est clair qu'un soutien gouvernemental coordonné sera nécessaire pour assurer la survie de l'industrie et sa capacité à continuer à fonctionner une fois cette crise terminée».