Pilier de la Nouvelle Vague aux côtés de Truffaut, Rohmer, Godard et Chabrol, Jacques Rivette, réalisateur de "La Belle Noiseuse", s'en est allé retrouver la Grande Faucheuse.
Réalisateur français admiré de ses pairs et de la critique, toujours en quête de nouvelles formes cinématographiques, mais aussi cinéaste fidèle à ses acteurs et actrices, Jacques Rivette est mort ce matin. A 87 ans, il laisse derrière lui une oeuvre riche de plus de vingt-cinq films. Jacques Rivette se découvre très tôt une passion pour le septième art. A Rouen, sa ville de naissance, il anime un ciné-club. En 1949, il emménage à Paris où il fait la connaissance de la bande des Cahiers du Cinéma, à savoir Eric Rohmer, François Truffaut et Jean-Luc Godard. Il sera rédacteur en chef de la revue de 1963 à 1965.
Un membre incontournable de la Nouvelle Vague
D'une communauté d'esprits avec ces futurs grands réalisateurs, il commence à explorer la mise en scène. Notamment avec "Le coup du berger" (1956), un court métrage tournée en 35 mm dans l'appartement de Chabrol. Pour de nombreux critiques, ce film court marque les vrais débuts de la Nouvelle Vague trois ans avant "Les quatre cents coups" de Truffaut. Son deuxième long métrage, "Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot", son adaptation en 1966 de l'oeuvre éponyme du philosophe avec Anna Karina dans le rôle-titre, suscite une vive polémique et est censuré provisoirement.
L'expérimentation comme credo
Jacques Rivette a toujours cherché à renouveler les formes. Il est notamment célèbre pour ses méthodes originales de travail avec les acteurs, ne leur donnant, par exemple, leur texte que quelques minutes avant le début des scènes. Il aimait également s'adapter aux aléas des événements sur le plateau. La durée des oeuvres faisait également partie de ces recherches formelles. Ainsi, avec son oeuvre "Out 1 : Noli me tangere", il brise les codes de la narration et de la production, poursuit le travail qu'il avait commencé dans "L'Amour fou" (1967), et accouche d'un film long de 12h55 divisé en huit épisodes. Ces expérimentations déroutent certes le public mais font de lui un cinéaste qui a les faveurs de la critique. A Cannes, en 1991, il obtient le Grand Prix pour "La Belle Noiseuse", un drame sur les affres de la création avec Michel Piccoli et Emmanuelle Béart.
Un réalisateur fidèle
Au gré de sa longue carrière, Jacques Rivette a souvent collaboré avec les mêmes actrices au premier rang desquelles on trouve Bulle Ogier, sa comédienne fétiche, mais aussi Juliet Berto, Emmanuelle Béart et Jane Birkin, avec laquelle il tourna son dernier long métrage "36 vues du Pic Saint-Loup", sorti en septembre 2009.