Applaudi au théâtre, il y a trois ans, "L’étudiante et Monsieur Henri" est adapté au cinéma par son metteur en scène, Ivan Calbérac.
Pour incarner le vieux misanthrope à l’humour acerbe, il a choisi Claude Brasseur. Le comédien s’offre une cure de jouvence avec ce rôle de papy bougon accueillant, malgré lui, une jeune fille comme colocataire. Tour à tour odieux et touchant, il peut exprimer son talent. Et l'acteur de 79 ans a trouvé dans ce personnage sans filtre un terrain de jeu idéal. Avec d’autant plus de plaisir, que Monsieur Henri et Monsieur Brasseur ne seraient pas si éloignés l’un de l’autre.
En quoi le rôle de Monsieur Henri était-il séduisant ?
Ce qui m’a plu dans ce rôle, c’est que lui et moi avions beaucoup de points communs. Une certaine pudeur, une timidité, une difficulté à dire des choses intimes. S’il est un peu brutal, c’est sa façon de cacher sa souffrance. C’est un homme malheureux. Mais il est inquiet pour son fils. Il voudrait être sûr qu’il est heureux en ménage. C’est la raison pour laquelle il fait ce test avec l’étudiante, qu’il essaie de lui mettre dans les pattes. S’il résiste, ça lui prouvera qu’il aime sa femme.
Aviez-vous vu la pièce ?
La pièce se jouait au Petit Théâtre de Paris au moment où je jouais "Le Tartuffe" au Grand Théâtre de Paris. Je n’ai donc pas pu la voir. Ça m’a contrarié au début et puis finalement, j’étais content de pouvoir arriver vierge devant le scénario.
Avec votre expérience, quel regard portez-vous sur le tournage ?
Un film, c’est un peu comme une fleur. La composition de l’équipe est une petite graine constituée d’un scénario, de la distribution, des techniciens, d’un metteur en scène, des machinos et des électros. On plante la graine, le travail se fait et la fleur finit par sortir. Parfois, elle plaît à tout le monde, et parfois elle se fane. Il y a des films qui ne se fanent jamais, comme "Le troisième homme", "Les enfants du paradis". Si l’ensemble de ce qui compose cette fleur me plaît, j’y vais.
Comment s’est passée la collaboration avec Noémie Schmidt ?
La plupart des gens s’imaginent que c’est très impressionnant pour une jeune comédienne de travailler avec un vieux routier comme moi. J’ai débuté avec deux monstres du cinéma français, Jean Gabin et Michel Simon, et inutile de vous dire qu’à l’époque je n’en menais pas large. Mais j’étais, moi aussi, très impressionné de travailler avec elle. Parce qu’on ne joue plus la comédie comme il y a trente ans. Je me demandais si j’allais être à la hauteur de sa façon de jouer. Finalement, ça s’est très bien passé.
Le film a été présenté au Festival d'Angoulême à la fin de l'été et a rencontré un vrai succès auprès du public.
Je n’étais pas présent parce que je suis actuellement en tournée à Orléans pour le théâtre. Mais je sais que la salle s’est levée et a énormément applaudi. La première fois que j’ai vu le film j'ai été surpris de voir le public rire autant. Pendant le tournage j’étais très concentré sur la misanthropie, l’agressivité de Monsieur Henri et je n'ai pas eu l'impression d'avoir tourné un vaudeville. Mais après avoir beaucoup ri pendant le film, les spectateurs étaient tous en larmes à la fin de la projection. C’était extrêmement émouvant et d’autant plus touchant.
Êtes-vous sensible à la réception du public ?
Evidemment, parce que c’est pour le public qu’on travaille. La réaction du public est extrêmement importante. Je me fiche des rôles, ce qui m'importe, ce sont les personnages. Si à la fin du film, les spectateurs ont de la sympathie pour les personnages, c’est gagné. Et je crois que sur ce film c’est le cas. Malgré son attitude un peu bougon, les gens aiment bien Monsieur Henri. Je suis particulièrement heureux de ce rôle. Parce que je me mets toujours un peu à la place des personnages que je joue et je souhaite de tout mon cœur ne pas avoir à vivre ce que vit Monsieur Henri. Je suis marié depuis plus de cinquante ans et je m’imagine la souffrance que ça peut être que perdre quelqu’un qu’on aime. Ma réaction ne serait sûrement pas très éloignée de celle de Monsieur Henri.
On vous verra l'été prochain dans "Camping 3".
On vient de terminer le tournage. Il y a toujours les mêmes mais il n'y a pas d’invités comme dans les deux précédents. La nouveauté dans ce troisième volet est l'irruption de trois jeunes qui viennent mettre le bazar dans le camping. C’est une opinion personnelle mais j’ai bien l’impression que c’est le meilleur des trois.
"L’Etudiante et Monsieur Henri, d’Ivan Calbérac, avec Claude Brasseur, Noémie Schmidt et Guillaume De Tonquédec. En salles le 7 octobre.
La bande-annonce de "L'Etudiante et Monsieur Henri" :