Il voulait participer au "buzz": la justice a condamné mardi à 3 mois de sursis un homme qui s'était fait passer pour un policier pour tenter de récupérer des vidéos de surveillance de l'hôtel où la starlette Nabilla s'était disputée avec son petit ami.
Jeans-baskets et physique imposant, à la barre, l'usurpateur de 35 ans, au RSA, dit avoir agi pour l'argent mais pas seulement. "Je voulais peut-être associer mon nom" à l'affaire Nabilla. Et d'analyser, devant le tribunal correctionnel de Nanterre qui le jugeait pour escroquerie: "c'est limite du voyeurisme".
L'histoire débute le 12 novembre en pleine ébullition médiatique après l'arrestation de la vedette de téléréalité Nabilla, soupçonnée d'avoir poignardé son petit ami Thomas Vergara lors d'une dispute dans un appart-hôtel de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).
Le prévenu téléphone à la responsable de l'établissement en se présentant comme un membre de la police judiciaire des Hauts-de-Seine, chargée de l'enquête. A l'époque, elle est en lien constant avec la police. Alors quand le "brigadier Lemoine" demande à visionner les images de vidéosurveillance, comme d'autres (vrais) enquêteurs avant lui, la responsable n'est pas surprise.
"Compte tenu des besoins de l'enquête, ça me semblait plausible", affirme-t-elle. La gérante lui donne ses codes d'accès confidentiels permettant de visionner à distance les vidéos, celles montrant Nabilla et son petit ami blessé à l'arrivée de la police et des pompiers. Le brigadier fournit à cet effet une adresse mail - [email protected]. Problème: les fichiers ne s'ouvrent pas.
L'interlocuteur rappelle et insiste. Prise de doute, la responsable contacte la police judiciaire, qui confirme: pas de Lemoine dans l'enquête Nabilla. "Depuis je suis au placard", raconte très affectée la gérante, qui a obtenu 2.000 euros de dommages et intérêts pour son préjudice moral.
Un certain Michel en contact avec Closer
Le faux policier avait été interpellé quelques jours plus tard, trahi par le portable avec lequel il avait passé des appels ainsi qu'une commande pour un téléviseur Darty...
A la barre, ce père de deux enfants résidant à Brétigny-sur-Orge (Essonne) jure avoir été manipulé par un mystérieux commanditaire, en contact avec le magazine people Closer pour vendre les images. Un certain "Michel", rencontré à l'occasion d'une transaction pour un téléviseur sur le site leboncoin.fr. Le jour de la vente, pas de téléviseur. Mais, un peu plus tard, l'homme lui fait une proposition: 2.000 euros pour passer "quelques coups de fil", "sans risque" à l'hôtel. Une version qui n'a pas séduit le tribunal.
Le procureur de la République avait demandé "une courte peine d'emprisonnement" et 1.500 euros d'amende à l'encontre du trentenaire, "animé par l'esprit de lucre".
L'arrestation de la bimbo de 22 ans, mise en examen pour "tentative de meurtre", a déclenché un emballement sur les réseaux sociaux et dans la presse people. Closer a diffusé des photos de son compagnon à l'hôpital. Deux jours plus tard, Voici publiait des clichés de la vedette durant sa garde à vue. Deux semaines après, Closer réitérait avec une vidéo de la jeune femme en détention, pour laquelle une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Versailles.
Nabilla Benattia a été remise en liberté le 18 décembre, après cinq semaines de détention provisoire.