Le CSP Limoges, passé des oubliettes du basket français après ses déboires financiers à son dixième titre de champion de France jeudi, a pu une nouvelle fois goûter à la ferveur populaire qui entoure le club.
Jeudi, la vague verte a tout emporté. Dans la mythique salle Beaublanc, ils étaient plus de 5.500 à hurler leur amour du CSP (pour Cercle Saint-Pierre) et soutenir leur équipe contre Strasbourg, dans une ambiance assourdissante.
Les détenteurs du précieux sésame pour le Match 3, qui avaient dû parfois camper devant la billetterie pour s'adjuger une place, n'étaient pas seuls. Près de 7.000 autres supporteurs étaient installés dans les tribunes du stade de rugby jouxtant les parquets. La mairie y avait installé deux écrans géants, si bien que c'est tout le Parc des sports qui a résonné.
C'est peut-être grâce à ce Beaublanc en ébullition que les hommes de l'entraîneur Jean-Marc Dupraz, un ancien du "Grand Limoges", ont trouvé les ressources pour revenir au score à chaque fois et s'imposer sur le fil (73-70), pour balayer la SIG 3 à 0.
"Ici c'est Limoges, ici c'est basket. On savait qu'il y avait cette ferveur. C'est quelque chose d'inimaginable", jubilait l'ailier du CSP Nobel Boungou Colo, cigare du vainqueur aux lèvres, à l'issue du match.
"Il faut construire un peu plus grand pour que tout le monde soit à l'intérieur et puisse profiter! On voit que Limoges, c'est une ville qui est à fond derrière son équipe", enchaînait l'intérieur Johan Petro.
Pourtant, avant cette nuit d'ivresse, le club a tout connu. Les années de domination d'abord, depuis le premier titre français en 1983 jusqu'au neuvième en 2000, en passant par ce "Grand Limoges" de Bozidar Maljkovic, champion d'Europe 1993 avec ses Richard Dacoury, Jim Bilba, Michael Young et Frédéric Forte, l'actuel président. Puis tout s'est écroulé en 2000, après pourtant un incroyable triplé championnat-Coupe de France-Coupe Korac.
Accablé par les problèmes financiers, le CSP est retombé en Pro B, avant de déposer le bilan et d'être rétrogradé en Nationale 1 en 2004. Reparti de 3e division, le club a remonté les marches sous l'impulsion de Forte, toujours soutenu par son public.
-'Pas la porcelaine, le CSP!'-
Cette ferveur n'était pas forcément évidente au départ pour la présidente limougeaude du Conseil général de la Haute-Vienne, Marie-Françoise Perol-Dumont. "Ici, après la guerre, ce n'était pas une terre de basket, mais plus de foot ou de rugby. Les dirigeants ont su faire sortir le basket du Palais des sports, en allant dans les écoles, les collèges, en faisant des animations, explique l'élue socialiste. Désormais, les gens ont l'impression que c'est à eux. Le CSP est devenu une évidence, la greffe a pris".
Dans les années 1980, les succès de ce club issu d'un patronage catholique ont lancé la machine. Et le CSP n'a pas succombé aux paillettes, restant proche de ses supporteurs et de son terroir.
"Le club n'est jamais resté calfeutré, mais a toujours été ouvert et est resté populaire. Les générations passent et suivent. Mon père m'emmenait au gymnase, j'ai emmené mes enfants. On transmet le flambeau", savoure Jérôme Quintard, le président des Ultras Green.
Et le greffon n'a jamais été rejeté. Même au pire de la traversée du désert.
"La ferveur ici n'est jamais retombée. Malgré les difficultés dans les années 2000, explique l'entraîneur Jean-Marc Dupraz. Ici, il y a un public, une salle, il y a une ferveur qui n'existe nulle part ailleurs en France. Ce club fait partie des plus grands d'Europe".
"Je vais vous raconter deux anecdotes, savoure Marie-Françoise Perol-Dumont. J'étais en voiture au fin fond de la Grèce et une autre fois dans la Vallée de la Mort, aux Etats-Unis. A la station essence, les gens m'ont demandé d'où je venais. Ils me répondaient: +Limoges? Le CSP!+ Pas la porcelaine, le CSP!"