Voilà plusieurs années déjà qu'elle déprimait, seule dans son enclos du zoo de Mendoza en Argentine. Cecilia, une femelle chimpanzé de 19 ans, est arrivée mercredi au Brésil pour y être libérée suite à la décision, inédite, d'un tribunal argentin.
Suite à une plainte déposée par l'association argentine de défense des droits des animaux (AFADA), qui considérait que le primate vivait dans des «conditions déplorables», Cecilia avait en effet été reconnue et jugée, en novembre dernier, comme un «sujet de droit non humain», soit un animal jouissant de droits.
C'est grâce à ce statut que le tribunal argentin a décidé d'appliquer une ordonnance d'habeas corpus à un chimpanzé, une grande première. Ce mandat, qui confère aux êtres humains le droit fondamental de ne pas être emprisonné sans jugement, a permis la mise en liberté de Cecilia afin de «vivre dans un environnement offrant des conditions propres à son espèce», selon les déclarations de la juge. L'animal sera prochainement relâché dans le Sanctuaire des grands primates de Socoraba, au Brésil, où vivent déjà une cinquantaine de ses congénères.
Des zoos argentins vétustes
Si cette décision est inédite pour un chimpanzé, elle a déjà été appliquée à une autre espèce de primate : c'est ainsi qu'en 2014, l'habeas corpus avait été appliqué à Sandra, un orang-outan âgé de 29 ans également pensionnaire d'un zoo argentin. L'ordonnance de cette dernière n'avait cependant pas été appliquée pour sa sécurité, les experts ayant à l'époque estimé que l'animal avait peu de chances de survivre seul dans la nature.
Ce n'est pas la première fois que les mauvaises conditions de vie des animaux sont pointées du doigt en Argentine : en 2016, le zoo de Mendoza était déjà sous les feux des projecteurs après la mort d'Arturo, surnommé «l'ours polaire le plus triste du monde» par les tabloïds anglais. L'ours montrait des signes de dépression depuis 2012, après la mort de sa compagne d'enclos Pelusa des suites d'un cancer.
Récemment, l'Argentine semble s'intéresser davantage au sort des animaux : le zoo de Buenos Aires, fondé en 1875, avait ainsi été contraint de fermer ses portes l'année dernière à cause des conditions de vie précaires des animaux et sera reconverti en parc écologique.