Le voisinage des hommes en guise de bouclier. Les mamans ours préfèrent manifestement élire «domicile» non loin des humains pendant les premiers mois de leur progéniture, afin de se protéger. Non pas des hommes, mais des papas ours, un peu trop obsédés sexuellement et volontiers infanticides.
Car oui, l'infanticide est largement rependu chez les mammifères. Des rongeurs aux souris, des lions aux chimpanzés en passant par les gorilles, tous ces papas tuent volontiers les nouveaux nés de leurs congénères. Et l’ours brun ne fait pas exception.
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Chez lui, ce penchant «criminel» est motivé par la longue abstinence à laquelle la nature le contraint. En effet, «tuer les oursons déclenche, chez leur mère, l'oestrus, la période durant laquelle une femelle mammifère est fécondable», explique Sam Steyaert, de l'université norvégienne pour les sciences de la vie de Ås (Suède). «Au lieu d'avoir à attendre entre 18 à 30 mois (la période de soins maternels), les mâles peuvent obtenir une opportunité d'accouplement en seulement quelques jours» souligne-t-il. En d’autres termes, les papas ours se métamorphosent volontiers en tueurs de petits oursons pour que leurs mères redeviennent disponibles à l'accouplement en un rien de temps.
Se rapprocher des hommes pour voir ses bébés grandir
Du coup, pour avoir une chance de voir leurs bébés grandir, des chercheurs ont constaté que les certaines maman ours observées en Suède préféraient carrément élire domicile près des hommes, réputés pourtant dangereux pour l’espèce. Une stratégie risquée… mais gagnante selon une étude publiée mercredi dans Proceedings B de la Royal Society britannique.
En étudiant le comportement de trente mamans ours entre 2005 et 2012, des chercheurs ont relevé que dix-neuf d’entre-elles avaient réussi à protéger leurs enfants et que onze avaient échoué. Un résultat conforme aux statistiques édifiantes qui font état d'une mortalité de 35% des oursons bruns chaque année en Suède, la plupart victimes d'attaques de papas ours.
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Or les chercheurs ont constaté, grâce à un système de GPS, que les mères victorieuses avaient élu domicile, en moyenne, à 783 mètres d'une présence humaine contre 1.210 mètres pour les mères qui se sont fait dévorer leurs petits. Obsédés, mais pas téméraires, les ours effrayés par les hommes et leurs fusils préfèrent ne pas s'aventurer trop près d'eux, quitte à perdre des occasions d'accouplement.
Les chercheurs concluent que les femelles utilisent l'homme comme un «bouclier» afin d'échapper à l'infanticide. «Après la période de soins maternels où le risque d'infanticide est élevé, les femelles évitent à nouveau les hommes», précise néanmoins l’étude.