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Meta : Mark Zuckerberg accusé d'avoir refusé des mesures pour protéger la santé mentale des adolescents

Mark Zuckerberg est même accusé d'avoir fixé des objectifs spécifiques visant à maintenir constamment l'attention des jeunes pour augmenter le temps passé sur Instagram. [Stefani Reynolds / AFP]

Alors que son entreprise, Meta, est poursuivie en justice par quarante Etats américains, Mark Zuckerberg est accusé d'avoir refusé plusieurs mesures destinées à améliorer le bien-être des jeunes utilisateurs des réseaux sociaux.

Mark Zuckerberg va devoir s'expliquer. D'après des documents judiciaires rendus publics, le PDG de Meta, maison mère de Facebook et Instagram, aurait à plusieurs reprises rejeté les propositions de ses équipes visant à préserver la santé mentale des adolescents sur les réseaux sociaux.

Ces documents, consultés par CNN, sont issus de l'action en justice lancée par plus de quarante Etats américains qui reprochent à Meta de nuire aux enfants. Dans le cadre du procès, des communications internes à l'entreprise ont été portées au dossier.

Ces échanges montrent notamment que Mark Zuckerberg s'est opposé en 2019 à une proposition visant à désactiver les «filtres de beauté» d'Instagram. Utilisée par une large partie des internautes, cette technologie qui modifie l'apparence de l'utilisateur à l'écran est régulièrement accusée de renforcer les complexes en promouvant des attentes irréalistes en matière d'image corporelle.

En avril 2020, le PDG de Meta avait écrit à ce sujet à ses adjoints, affirmant qu'il y a une «demande» pour ces filtres et qu'il n'avait pu trouver «aucune donnée» certifiant que les filtres sont nocifs. 

Sa décision avait fait réagir plusieurs hauts dirigeants de Meta tels que Karina Newton, responsable politique d'Instagram, Fidji Simo, le directeur de Facebook ou même le PDG d'Instagram, Adam Mosseri. Ces deux derniers avaient d'ailleurs déploré le fait que Meta manque «d'une feuille de route» claire démontrant que l'entreprise se «souciait du bien-être» des utilisateurs.

D'après les documents judiciaires, la vice-présidente de la conception de produits de Meta, Margaret Gould Stewart, avait elle aussi fait part de ses doutes à Mark Zuckerberg. «Je respecte votre choix à ce sujet et je le soutiendrai, lui avait-elle écrit. Mais je tiens simplement à dire pour mémoire que je ne pense pas que ce soit la bonne décision étant donné les risques. J'espère juste que dans quelques années, nous regarderons en arrière et nous sentirons satisfaits de la décision que nous avons prise ici».

Le scandale des «Facebook files»

En août 2021, le président des affaires internationales de Meta, Nick Clegg, a pressé Mark Zuckerberg de réaliser «des investissements supplémentaires pour renforcer notre position en matière de bien-être dans l'ensemble de l'entreprise». Il citait alors une recommandation du personnel visant à résoudre notamment les problèmes de dépendance, d'automutilation et d'intimidation.

Le scandale des «Facebook files» a éclaté le mois suivant, en septembre, lorsqu'une ancienne employée, Frances Haugen, a révélé l'existence de rapports internes à l'entreprise montrant les souffrances que peut susciter Instagram chez les plus jeunes, notamment en matière de santé mentale. Des documents selon elle ignorés afin de faire passer «les profits avant la sûreté» des usagers.

Alors que l'entreprise était dans la tourmente, Nick Clegg a réitéré ses inquiétudes en novembre sans obtenir de réponse de Mark Zuckerberg lui-même. Seule Susan Li, directrice financière de Meta, «a répondu laconiquement que le personnel était trop "contraint" pour répondre à la demande».

La psychologie des adolescents exploitée

Susan Li avait déjà pris la responsabilité de répondre à une précédente demande, en 2019, lorsqu'un responsable produit, David Ginsberg avait contacté Mark Zuckerberg pour lui signaler des recherches internes et externes suggérant que les plates-formes de Meta avaient un impact négatif sur le bien-être des gens.

Il proposait alors d'embaucher davantage d'ingénieurs afin de créer des outils spécifiques censés répondre aux problèmes de dépendance, de comparaison néfaste et de solitude. Ce à quoi la directrice financière «a répondu que l'équipe de direction de Meta avait refusé de financer cette initiative».

Dans leur plainte, les Etats américains reprochent à Meta d'exploiter la psychologie des adolescents à son avantage, notamment en stimulant leur désir d'acceptation grâce à la «dose de dopamine» liée à chaque notification reçue. Mark Zuckerberg est même accusé d'avoir fixé des objectifs spécifiques visant à maintenir constamment l'attention des jeunes pour augmenter le temps passé sur Instagram.

Le porte-parole de Meta, Andy Stone, a tenté de défendre l'entreprise en arguant que les «filtres de beauté» «existent sur toutes les principales plates-formes sociales et caméra de smartphone». Selon lui, «Meta interdit ceux qui font directement la promotion de la chirurgie esthétique, des changements de couleur de peau ou d'une perte de poids extrême».

Il a ajouté que Meta propose 30 outils pour aider les adolescents et leurs familles, notamment pour définir des limites de temps d'écran et offrir la possibilité de supprimer le nombre de likes des publications. Andy Stone soutien que Meta dispose d'une «équipe centrale robuste» consacrée à la question du bien-être des jeunes utilisateurs.

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