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Fusillade dans l'Illinois : le combat sans fin du contrôle des armes aux Etats-Unis

Le port d'arme est consacré par le Deuxième amendement de la Constitution américaine.[ROBYN BECK / AFP]

La fussilade survenue ce lundi dans l'Illinois fait ressurgir le débat sur le commerce d'armes à feu aux Etats-Unis. Malgré les drames à répétition, les présidents américains ont tous été impuissants à réguler le secteur.

Des fusillades qui se répètent sans que rien ne change. Au moins six personnes ont été tuées et 24 blessées dans une fusillade survenue lundi dans le nord des Etats-Unis, lors d'un défilé pour la fête de l'indépendance américaine, selon les autorités.

Un serpent de mer de la politique américaine

La régulation du port d'armes est un serpent de mer de la politique américaine, et de nombreux présidents s'y sont cassé les dents. Déjà en 1994, Joe Biden, alors président de la commission justice du Sénat, avait fait adopter un texte interdisant les armes d’assaut. Mais les républicains avaient réussi à y ajouter une date de péremption et dix ans plus tard, le texte est devenu caduc.

Pendant la campagne présidentielle de 2020, le démocrate avait promis d'agir. Mais en l'absence de majorité parlementaire forte au Congrès, il n'a pu se contenter que de micro-mesures, comme celles durcissant la réglementation des armes vendues en kit, dites «fantômes».

Son prédécesseur Barack Obama n'avait pas fait mieux. Sa loi imposant le contrôle des antécédents psychiatriques des acheteurs d'armes s'était également heurté au refus du congrès.

Un droit ancré dans la culture américaine

S'il est si difficile de réguler le secteur, c'est que le port d'arme est profondément ancré dans la culture américaine. Alors que 30 % des adultes possèdent au moins une arme à feu, les politiques n'hésitent pas à se mettre en scène, fusil à la main, dans leurs clips de campagne. En 2015, Ted Cruz, sénateur du Texas, montrait par exemple dans une vidéo comment cuire du bacon en l'enroulant autour du canon de son fusil d'assaut.

Le port d'arme est consacré par le célèbre Deuxième amendement de la Constitution, selon lequel «le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé». «Les pro-armes le prennent à la lettre en récupérant l’histoire américaine à leur compte : les colons se sont défendus par les armes contre les Britanniques, permettant la naissance des États-Unis. Ainsi, le port d’arme est-il devenu une démarche de défense dans la tradition américaine», expliquait l'an dernier le politologue spécialiste des Etats-Unis Jean-Eric Branaa.

Considérée comme le lobby le plus puissant du monde, la National Riffle Association (NRA) défend farouchement le Deuxième amendement. Avec ses 5 millions de membres et son budget annuel de 300 millions de dollars, la NRA exerce une forte influence auprès du monde politique.

Dernier obstacle à la régulation, la Cour suprême, dominée par les juges conservateurs depuis le mandat de Donald Trump.

Le 24 juin dernier, dans le sillage de la tuerie dans une école du Texas, à Uvalde, la Cour suprême des Etats-Unis a d'ailleurs consacré le droit de porter une arme à feu partout en dehors de chez soi.

Cette décision de la plus haute instance judiciaire du pays a sauvegardé le principe d’une liberté totale de porter une arme. Le président américain Joe Biden s’était dit «profondément déçu» à ce sujet.

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