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Les Cubains veulent voyager sans restriction

Les Cubains aimeraient voyager sans restriction dès maintenant Les Cubains aimeraient voyager sans restriction dès maintenant[Adalberto Roque / AFP]

"Dommage qu'elle n'entre pas en vigueur tout de suite", regrette Grisel Vega à propos de la nouvelle loi cubaine sur les voyages, dans la queue du bureau d'émigration de La Havane où elle va remplir les formalités qui lui permettront pour la première fois d'aller voir sa soeur aux Etats-Unis.

"C'est la nouvelle de l'année ! Dommage que cela n'entre pas vigueur aujourd'hui, ça m'aurait épargné du temps et de l'argent", explique à l'AFP cette mère de famille de 41 ans qui vient d'apprendre l'assouplissement des conditions de voyage à l'étranger annoncées mardi par le gouvernement cubain.

A l'entrée du bureau d'immigration, dans le quartier central de Vedado, des affichettes annoncent les nouvelles mesures qui entreront en vigueur le 14 janvier: suppression du permis de sortie, suppression de l'obligatoire lettre d'invitation de l'étranger, extension de 11 à 24 mois de la durée du séjour à l'étranger...

 

Surprise, joie, mais aussi prudence et méfiance.

"Si c'était aujourd'hui, je n'aurais pas à payer 150 dollars pour le permis de sortie et ma soeur aurait économisé les 200 dollars que lui a coûté l'envoi de la lettre d'invitation", explique Grisel Vega.

Première grande réforme sociale adoptée par le président Raul Castro après des mesures de libéralisation économique en 2011, la modification de la loi sur les voyages était parmi les plus attendues des Cubains, même si le coût des voyages restera encore prohibitif.

Sans compter le prix du billet d'avion, les formalités administratives d'un voyage en Europe - passeport, permis, lettre, visa, etc. - peuvent aujourd'hui dépasser les 500 dollars. Pour un salaire mensuel moyen officiel de 20 dollars.

Cruz Duran, une retraitée de 68 ans, qui va voir son fils chaque année au Danemark depuis cinq ans, ne cache pas sa joie : "C'est magnifique ! Il y a longtemps qu'on attendait cette réforme. Le voyage me coûtait à chaque fois 1.600 dollars, sans compter les frais du séjour", explique-t-elle en lisant le journal officiel Granma dans le club de retraités où elle vient faire de la gymnastique.

A 12 ans, Camila Muguercia, dont le père a émigré au Mexique, a aussi ses raisons de se réjouir : elle va "enfin" pouvoir aller le voir, la nouvelle loi supprimant les restrictions de voyage pour les mineurs.

"Tout le monde ne parle que de ça", raconte Shakira, serveuse d'une cafétéria de la Rampa, la grande artère du quartier du Vedado : "Mais les gens craignent que les prix des passeports, des billets d'avion ou de la taxe d'aéroport augmentent".

Beaucoup se réjouissent aussi que, dans l'autre sens, la nouvelle loi favorise les voyages des émigrés vers l'île: non seulement, ils n'auront plus à payer le permis d'entrée à Cuba, mais leur séjour a été étendu de un à trois mois, renouvelable.

"Je pense que nous avançons, avec des changements qui représentent des droits pour le citoyen partout ailleurs dans le monde, mais il reste encore des restrictions", tempère Roberto Garcia, en rappelant que de nombreux Cubains - médecins, ingénieurs, universitaires - seront encore soumis à une autorisation de sortie au nom de la "défense contre la fuite des cerveaux".

"Il faut seulement espérer qu'on continue d'avancer", conclut cet avocat de 41 ans qui vit depuis huit ans en Espagne et rend visite à sa famille une fois par an.

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