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Syndrome de Raynaud : tout savoir sur cette maladie qui rend les doigts blancs, bleus puis rouges

Le syndrome de Raynaud est un trouble temporaire de la circulation sanguine au niveau des extrémités du corps. [©️Intermedichbo/CC BY-SA 3.0]

Souffrir de la maladie ou du syndrome de Raynaud, n'est pas un cas unique en France. En effet, environ 2% de la population est touchée par ce trouble chronique de la circulation du sang dans les extrémités, qui survient de façon périodique, notamment en cas de variation de température.

Le syndrome de Raynaud, qui tient son nom de Maurice Raynaud, un médecin français qui l'a décrite en 1862, est un trouble temporaire de la circulation sanguine au niveau des extrémités du corps. Ce trouble vasomoteur s’explique par la contraction temporaire des vaisseaux sanguins, également appelé «vasoconstriction», qui prive les extrémités de l'apport en sang et en oxygène. Ce phénomène peut donc se produire sur les doigts de la main, ceux des pieds, mais aussi le nez, les oreilles et plus rarement la langue.

Lors d'une crise, les personnes souffrant de la maladie de Raynaud peuvent voir leurs extrémités passer par plusieurs phases. «D'abord, ils ont un changement de couleur au niveau des doigts puisqu'il n'y a plus de sang. Donc les doigts peuvent être blancs, d'un blanc livide comme du papier. Il y a une sensation d'engourdissement et l'impression d'avoir les doigts morts. Les gens ont l'impression d'avoir des doigts en marbre», rapporte le docteur Marc Lambert, médecin au CHU de Lille, à CNEWS.

«Ensuite, ça peut devenir bleu, mais pas toujours. Parce que ce n'est pas toujours blanc, bleu et rouge. Les trois phases du Raynaud, cela peut être une seule des trois, mais lorsque ça devient froid et douloureux, on passe dans la phase cyanotique. Ça devient froid et douloureux», ajoute le médecin.

«Et puis, il y a une troisième phase qui est la phase dite érythermalgie, lorsque les extrémités peuvent devenir rouges, c'est-à-dire que la douleur s'accentue encore, et cette fois-ci, c'est parce que le sang revient dans les vaisseaux, dans les doigts et dans les chairs. Et du coup, c'est rouge, on a l'impression d'avoir des fourmis dans les doigts, ça picote», conclut le médecin du CHU de Lille.

La variation de température

Ce dernier tient à préciser que cette vasoconstriction des artères est ponctuelle et qu'elle peut durer de quelques minutes à quelques dizaines de minutes. En effet, cela ne peut être une vasoconstriction définitive, puisque la grande majorité des phénomènes de Raynaud ne s'accompagnent pas de perte de doigts.

«Bien évidemment, il serait facile de faire le raccourci que ces crises frappent lorsqu'il fait froid, mais ce n'est pourtant pas le cas. Cela dépend essentiellement du degré de variation de température. Une patiente, par exemple, qui bronze à la plage lorsqu'il fait un grand soleil, et qui décide d'aller au supermarché juste après, elle va dans un endroit où il y a une clim, un frigo pour conserver les yaourts. Il y a un delta de température qui parfois est suffisant pour déclencher une crise», explique Marc Lambert à CNEWS.

Le syndrome de Raynaud apparaît le plus souvent à l’adolescence ou chez une jeune femme en bonne santé et plutôt mince. Elle est présente chez 6 % des femmes entre 25 et 40 ans. La pathologie peut prendre différentes formes, dont l'ensemble des symptômes est regroupé sous le nom de syndrome de Raynaud.

La maladie de Raynaud, elle, indique les formes idiopathiques de phénomènes de Raynaud, lorsqu'il n'y a pas de maladies sous-jacentes. Puis, il y a les phénomènes de Raynaud secondaires qui sont associés à une maladie sous-jacente qui altère les vaisseaux.

Le stress et le tabac sont des facteurs aggravants

«Certains facteurs peuvent favoriser, voire aggraver l'apparition de crises comme le stress, mais aussi le tabac. D'ailleurs, le tabac multiplie par quatre le risque de perdre un bout de doigt. Il y a aussi la prise de drogues comme la cocaïne, qui peut être dangereuse. Les médicaments comme les anti-migraineux et les bêta-bloquants, qui sont des traitements que l'on peut donner contre l'hypertension artérielle, sont aussi des facteurs qui peuvent permettre une aggravation du phénomène de Raynaud, tout comme les boissons caféinées», rapporte Marc Lambert.

Les maladies professionnelles peuvent aussi être la cause d'un phénomène de Raynaud. «Prenons un exemple : vous avez votre main dominante. À l'opposé du pouce, vous avez sur la paume de la main ce qu'on appelle l'éminence hypothénar. En dessous de l'éminence hypothénar, vous avez l'artère cubitale. Si vous tapez quelque chose avec cette éminence, vous allez traumatiser votre artère cubitale. Des maçons peuvent parfois avoir le besoin de taper sur une brique pour la dégager, des agriculteurs aussi peuvent traumatiser cette zone, tout comme les métiers où il y a une utilisation fréquente de la tronçonneuse».

La technologie au secours des malades

Pour le médecin, plusieurs conseils sont facilement applicables pour lutter contre cette pathologie contraignante. «Je dirais qu'ils doivent consulter une fois dans leur vie pour vérifier avec un médecin interniste que leur phénomène de Raynaud est bien idiopathique. Donc ça, c'est un conseil de dépistage. Ensuite, ils doivent apprendre à bien se protéger du froid. Il faut s'éloigner du sol, donc il faut des chaussures à semelles épaisses, il faut mettre une double paire de gants. Il faut mettre des gants épais où entre les doigts et le gant, il y aura une couche d'air. Le mieux, ce serait de mettre des moufles. Et bien évidemment je conseille d'éviter tout ce qui peut être vasoconstricteur comme le tabac».

Le CHU de Lille, centre de référence des maladies auto-immunes, travaille actuellement en partenariat avec la marque française G-Heat, qui développe des vêtements technologiques, chauffants et rafraîchissants. «L'idée de la création de l'entreprise vient de là parce que je suis atteint du syndrome de Raynaud. Ce n'est pas à une échelle très grande, mais ça part de l'idée que je voulais m'équiper pour aller aux sports d'hiver et je ne trouvais pas de produits accessibles. C'est pour cela que je me suis dit qu'il fallait un produit abordable pour le plus grand nombre», a expliqué à CNEWS Edouard Castaignet, cofondateur de la marque et lui-même atteint du syndrome de Raynaud.

«Souvent, j'avais le bout des doigts qui était blanc, j'avais l'impression d'avoir les pieds qui craquaient dès qu'il faisait froid. On a commencé par une chaussette parce que les pieds sont très sensibles. On veut répondre à un besoin, on veut répondre à la peine d'un client. On répond à une demande dont on n'a pas conscience. Les gens qui souffrent du froid l’hiver sont ceux qui souffrent du chaud l’été», conclut ce dernier.

Pour terminer sur une note plus positive, cette pathologie, qui n'est pas grave, a un retentissement modéré sur la qualité de vie et s'améliore plutôt avec l'âge.

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