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Télétravail, rapport à l'existence... Trois ans après le premier confinement, 5 choses qui ont changé en France

La ville de Paris vide, en mars 2020, après l'annonce du premier confinement en raison de la pandémie de Covid-19. [FRANCK FIFE / AFP]

Trois ans jour pour jour après l’annonce du premier confinement lié à la pandémie de Covid-19, les Français ont intégré le virus dans leur quotidien. Ce dernier a même participé à changer notre rapport à la vie, au travail, et à la maladie, tout en exacerbant les clivages de la société. Voici 5 choses qui ont changé depuis le premier confinement.

Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) officialisait la pandémie de Covid-19. Six jours plus tard, la France entrait dans son premier confinement. En trois ans la maladie s’est installée durablement dans le paysage, et si la plupart des stigmates de cette étrange et nouvelle période d'enfermement, de couvre-feux et d’isolements ont disparu de l’espace public, le virus aura contribué à changer durablement notre rapport à la vie, au travail et à la maladie. Sens des priorités, télétravail, quoi qu’il en coûte, masques et vaccins, le Covid-19 a laissé des traces indélébiles de son passage en France et dans le monde.

le Sens des priorités revu

Le soir du 16 mars 2020, la France découvrait le confinement. Le président de la République décrétait cette parenthèse nouvelle qui allait faire basculer nos vies dans une solitude forcée, nous poussant vers une introspection naturelle. Alors que le quotidien de tout un chacun était rythmé par le suivi des informations concernant l’avancée de la pandémie, le triste décompte des morts, ou encore les très rares sorties permises, à coup d’autorisations signées, le Covid-19 a bouleversé le sens des priorités de nombreux Français, les poussant à se recentrer vers l’essentiel.

«Ai-je fait les bons choix ? Mon travail a-t-il du sens et m’épanouit-il ? Me donne-t-il le sentiment d’être utile ?» Ce sont des questions que beaucoup de Français se sont posées. Une remise en question personnelle et permanente dont les réponses ont fait naître des envies de reconversion professionnelle, des départs des grandes villes pour les campagnes, et la volonté de plus en plus présente de se focaliser sur le temps libre plutôt que sur le travail.

En témoigne la nouvelle dimension prise par la semaine de quatre jours, de plus en plus populaire chez les Français en raison de leur volonté d’avoir plus de temps libre pour leur famille ou pour des loisirs, et de consacrer moins de temps à leur travail. C’est ce qui ressort d'une étude réalisée par le groupe Manpower, qui confirme la volonté de plus d’un Français sur trois de sacrifier jusqu'à 5% de son salaire pour obtenir une semaine de travail de quatre jours. 

Le Télétravail normalisé

Si la pandémie de Covid-19 et les épisodes de confinement ont profondément marqué les Français en les poussant à redéfinir leur sens des priorités, cette période a également contribué à démocratiser une pratique jusqu’alors peu courante en France : le télétravail. 

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Jusqu’en 2017, d’un point de vue réglementaire, le télétravail devait être volontaire, régulier et mis en place dans le cadre du contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci. Aujourd'hui, il est littéralement entré dans la culture de nombreuses entreprises, qui malgré quelques réticences initiales, ont adopté cette organisation qui correspond aux nouveaux besoins des salariés. 

Une enquête réalisée par le cabinet JPG, expert en immobilier et aménagement de bureau a sondé les actifs pratiquant le télétravail pour mesurer les évolutions de leurs ressentis ainsi que les comportements des entreprises. Si en 2022 la progression du télétravail n’est pas aussi évidente que les deux années avec confinement, avec 33% des actifs qui ont pratiqué le télétravail contre 35% en 2021 et 41% en 2020, depuis 2021 le télétravail s’est généralisé et s’accompagne d’une plus grande souplesse avec un rythme moyen de deux jours par semaine. 

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Parmi les personnes ayant fait du télétravail en 202257% disent que leur pratique du télétravail a augmenté par rapport à l’avant crise sanitaire. Ils étaient 64% en 2021. En outre, 22% disent que leur pratique est restée stable et 21% affirment que leur pratique à diminué. Au total, 53% des télétravailleurs estiment être plus productifs dans un mode de travail mixant présentiel et distanciel. Ce chiffre passe, pour la première fois depuis le début de la crise sanitaire, la barre des 50%. Un signe que la pérennisation du mode de travail hybride commence à s’opérer.

Le quoi qu'il en coûte et ses répercussions

Avec 759 millions de cas et 6,8 millions de décès enregistrés, la pandémie de Covid-19 aura eu un impact sanitaire considérable sur le monde. Mais l'impact des épisodes de confinement, qui correspondent à des périodes d'«arrêt» quasi total de la société aura également eu des conséquences dévastatrices sur nos économies. Face à cela, la France a mené une politique forte de soutien aux entreprises matérialisée par ce que le président de la République, Emmanuel Macron a appelé : le quoi qu'il en coûte. 

«Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu'il en coûte. Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises, quoi qu'il en coûte. L'ensemble des gouvernements européens doit prendre les décisions de soutien de l'activité, puis de relance. Quoi qu'il en coûte». 

Le «quoi qu’il en coûte» désignait donc le plan d’aides déployées pour soutenir les entreprises pendant la crise du Covid-19 : fond de solidarité, activité partielle, ou encore prêts garantis par l’Etat. S'il était largement valorisé pendant la crise, depuis, il est surtout devenu synonyme d’un accroissement considérable de la dette publique. D'autant plus qu'après avoir déversé 140 milliards entre 2020 et 2022 pour lutter contre la crise du Covid, le quoi qu'il en coûte a changé de prérogatives, et ce sont 110 milliards supplémentaires, budgétés entre 2021 et 2023 pour lutter contre l’inflation, que l’exécutif a prévu de mettre sur la table. 

Mais alors, le quoi qu’il en coûte était-il nécessaire ? Des économistes ont procédé à des simulations pour imaginer la situation des entreprises françaises sans ce soutien de l’État. Dans un rapport de la Cour des comptes, leur conclusion est évidente : la hausse du nombre d’entreprises devenant insolvables aurait été bien plus élevée. Par ailleurs cette réussite est aussi incarnée par le taux de chômage qui a retrouvé son niveau d'avant crise sanitaire, et par un taux de croissance historique de 7% en 2021, synonyme de rebond économique d'après crise. On peut donc affirmer que cette politique aura durablement impacté la société française. 

Le rapport précise également que la France s’est souvent endettée après une catastrophe et que cela a toujours été un choix pertinent. Si la dette est suffisamment étalée dans le temps, comme cela semble être l'option privilégiée, les payeurs (à savoir les jeunes, voires les nouvelles générations) ne devraient pas trop en subir l'impact financier. Selon la Cour des comptes, le gouvernement doit simplement rééquilibrer la présence de l’État dans l’économie. 

Le vaccin et ses questions

La campagne vaccinale contre le Covid-19 a commencé quelques mois après que la pandémie soit devenue mondiale. À son démarrage en décembre 2020, elle a d’abord été ciblée sur les groupes de population exposés, notamment les résidents en EHPAD, puis très vite élargie aux personnes âgées avant d’être progressivement ouverte jusqu’à l’été 2021 à l’ensemble des adolescents et adultes (de 12 ans et plus). Si la campagne vaccinale a initialement connu des difficultés de logistique et d’organisation, elle est ensuite rapidement montée en puissance en s’adaptant continument aux vagues épidémiques successives. 

Au total, 80% des Français ont reçu au moins une dose de vaccin soit 54,2 millions de personnes, et 78,7% des Français ont reçu un schéma vaccinal complet soit environ 53,4 millions de personnes. Toutefois, face aux nombreuses incertitudes qui entourent le virus, et notamment son origine, toujours inconnue, face aux récents scandales impliquant des laboratoires pharmaceutiques et face aux nombreuses approximations du gouvernement, alimentées par des politiques clivantes comme le pass sanitaire (puis vaccinal), une poignée de Français, entre 4,5 et 5 millions, ont catégoriquement refusé la vaccination, et ont renforcé une forme de polarisation de la société.

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En décembre 2021, une enquête de Santé publique France montrait que les personnes non vaccinées étaient «majoritairement des femmes (64%), vivant en milieu rural (65%), déclarant une catégorie socioprofessionnelle inférieure (46%)». Une enquête plus récente de l'Inserm abonde dans ce sensidentifiant souvent parmi les non-vaccinés «des femmes, jeunes, se sentant proches de partis de la droite radicale et de la gauche radicale, ou ne se sentant proches d'aucun parti».

Par ailleurs, les résistances à la vaccination ne sont pas homogènes sur le territoire. Alors que seulement 18% des Parisiens n'ont pas un schéma vaccinal complet (hors dose de rappel), c'est le cas de 35% des habitants de Seine-Saint-Denis et de Corse. Dans les Outre-mer, la proportion est encore plus importante : 54% des résidant à Mayotte ne sont pas vaccinés, 63% en Martinique ou encore 64% en Guadeloupe.

Finalement, le vaccin aura donc contribué à accentuer la polarisation de la société entre «pro-vaccin» et «antivax», mais aussi les clivages entre les milieux sociaux, les urbains et les ruraux, ou encore les «jeunes» et les «vieux». 

Des masques devenus banals

Depuis le 1er août 2022, la France n’est plus sous état d’urgence sanitaire, et le pass sanitaire n'est plus en vigueur. Il n'y a, dès lors, plus d'obligation générale de port du masque dans les lieux publics, ni dans les transports. Seuls les directeurs d’hôpitaux et d'établissements de santé sont habilités à maintenir le port du masque obligatoire au sein de leurs structures.

Pourtant, il n’est pas rare aujourd’hui d’apercevoir, ici et là, quelques personnes arborant ce fameux masque chirurgical, sans que cela ne choque plus grand monde. Une situation qui a bien changé par rapport à 2020. À cette époque, le masque souffrait d’une contestation massive liée d’une part à son côté contraignant au quotidien, et d’autre part aux erreurs et approximations successives, tantôt du gouvernement, tantôt du milieu médical, concernant leur véritable efficacité contre la transmission du virus.

Finalement, malgré le peu de réponses apportées par les scientifiques ou le gouvernement face à ces interrogations légitimes, par la force des choses, le masque est tout de même entré dans notre mode de vie et n'en est plus jamais ressorti. Un changement culturel important déjà opéré dans certaines régions du monde, qui a fini par s'imposer en Europe et en France, grâce ou à cause, selon les opinions, de la pandémie de Covid-19. 

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