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Edith Cresson, première femme Première ministre : voici les réactions de l’époque

Edith Cresson lors de son discours de politique générale, le 22 mai 1991. [GILLES LEIMDORFER / AFP]

Nommée Première ministre en 1991 par François Mitterrand, Edith Cresson est devenue la première femme à occuper cette fonction. Une nomination qui n'avait pas manqué de faire réagir à l'époque.

Succédant à Michel Rocard, la socialiste Edith Cresson incarne pour l'opposition un «virage à gauche» dans le second mandat de François Mitterrand.

Charles Millon, président du groupe UDF à l'Assemblée, tance «l'esprit de sectarisme» dont ferait preuve l'ancienne ministre de l'Agriculture et dit craindre «une nouvelle alliance avec les communistes». André Rossinot, du Parti Radical, parle lui d'un «durcissement», évoquant «la fin des passerelles socialo-centristes».

«Nous la jugerons à ses actes pour sortir le pays de ses difficultés», réagit plus sobrement Jacques Chirac, alors président du RPR.

attaques sexistes

A peine nommée, Edith Cresson subit de premières attaques sexistes. Le député UDF François d'Aubert évoque le «parallélisme certain» entre la carrière d'Edith Cresson et le parcours de la marquise de Pompadour, maîtresse du roi Louis XV. «Si je suis favorite, c'est des électeurs de Châtellerault», lui rétorque la nouvelle locataire de Matignon, maire de cette ville de la Vienne entre 1983 et 1997.

Interrogée par des journalistes sur le caractère historique de sa nomination, Edith Cresson déclare : «Je m'étonne que l'on s'étonne (...) D'ailleurs, ça ne surprend que les hommes !» Avant d'ajouter : «les femmes sont des êtres humains dotés d'un cerveau !»

Les critiques sexistes ne vont pourtant pas cesser. Après un discours de politique générale où elle essuie les quolibets misogynes à l'Assemblée, un présentateur de télévision interroge Michèle Alliot-Marie sur le «look» de la nouvelle Première ministre et «sa manière de retrousser les manches de sa veste».

classe politique «machiste»

En matière de misogynie, les médias ne sont en effet pas irréprochables. Le Quotidien de Paris titre «Matignonne» au lendemain de la nomination d'Edith Cresson, quand France-Soir la qualifie d'«atout charme de Mitterrand». Dans l'émission Le Bébête Show, la Première ministre est incarnée par le personnage d'«Amabotte», une panthère lascive au service du président de la République.

Critiquée pour son style frontal et ses sorties polémiques, elle est poussée vers la sortie après l'échec de la gauche aux élections régionales et cantonales en mars 1992. Après seulement 11 mois au pouvoir, elle est remplacée par Pierre Bérégovoy.

Alors qu'une femme est pressentie pour remplacer Jean Castex, Edith Cresson a dit, dans les colonnes du JDD, souhaiter «beaucoup de courage» à celle qui pourrait le remplacer à Matignon. La faute, selon elle, à une classe politique française jugée «machiste».

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