En direct
A suivre

Législatives : quelles alliances possibles à droite ?

Marine Le Pen et Eric Zemmour vont poursuivre leur affrontement, à distance cette fois, lors des législatives. [Eric PIERMONT / AFP]

Avec le début de la campagne pour les élections législatives, les partis politiques ont entamé des tractations pour nouer de possibles alliances. Si à gauche, celles-ci semblent avancer, à droite, la situation parait plus compliquée.

Le Rassemblent national vraiment en position de force ?

Qualifié pour le second tour de la présidentielle grâce à Marine Le Pen et à la tête d’un score historiquement haut, le Rassemblement national devrait logiquement être en position de force à droite pour ces législatives. Ses membres ont affiché leur objectif de remporter un maximum de circonscriptions. Ils ont également affirmé ne pas vouloir d’alliance avec le parti Reconquête d’Eric Zemmour, malgré les appels du pied de ce dernier. Les attaques contre Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle et les changements de camps de certains cadres ont créé des rancunes tenaces. Le parti estime donc devoir se présenter aux législatives en solitaire.

Reste que si les planètes semblent alignées pour voir le RN arriver massivement à l’Assemblée nationale, le format des législatives ne lui est pas propice. Privé de proportionnelle, le parti ne peut pas profiter de son bon score de la présidentielle, et devra faire face aux habituelles alliances face à lui. Ainsi, comme par le passé, des accords entre partis feront que des candidats se désisteront ou s’associeront pour le battre. En 2017, le FN (le parti n’avait pas encore changé de nom) s’était classé troisième aux premier et second tours (derrière LREM et Les Républicains) mais n’avait obtenu que 8 députés, soit le neuvième total, derrière des partis comme le PS (30 sièges), le Modem (42), LFI (17) ou l’UDI (18). Les scores en nombre des voix de ces derniers étaient inférieurs (parfois largement), mais ils s’étaient appuyés sur des alliances pour s’assurer des députés.

Pour éviter pareille frustration cette année, le RN a bien compris, malgré les rivalités décrites plus haut, que mener le combat à plusieurs pouvait être bénéfique. Ses responsables ont donc rappelé que si aucun accord d’appareil (un pacte global avec un autre parti) n’est envisageable, des négociations avec certaines personnes sont possibles. Jordan Bardella ou Louis Alliot ont par exemple tour à tour indiqué sur CNEWS que Stanislas Rigaut et Guillaume Peltier, deux porte-parole d’Eric Zemmour lors de la campagne présidentielle, étaient concernés. «Nous pourrons nous désister pour le candidat patriote au second tour des législatives», a affirmé le président par intérim du RN. Une décision qui entrainera forcément des contreparties.

Reconquête pour une large coalition

Fidèle à sa volonté de créer une «union des droites», Eric Zemmour, à la tête de son parti Reconquête, s’est engagé sans réserve pour une alliance la plus grande possible. «J'appelle solennellement à l'union de toutes nos forces contre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon (...). Je tends la main au Rassemblement national, aux Républicains qui refusent le macronisme et à Debout la France», s’est-il exprimé avant le second tour de la présidentielle.

Pour appuyer ses propos, il a affirmé que son parti ne présentera aucun candidat face à Marine Le Pen, Eric Ciotti (LR) et Nicolas Dupont-Aignan (DLF). Une preuve de sa volonté d’effacer les rancœurs. Celle-ci qui n’est pas partagée pour le moment au RN, dont le porte-parole a indiqué qu’il comptait pour sa part lui opposer un adversaire s’il se présentait dans une circonscription. Nicolas Dupont-Aignan et Eric Ciotti n’ont, pour leur part, pas encore réagi.

Les Républicains s’inquiètent de l’attraction Macron

Encore sonnés par la cinglante défaite au premier tour de la présidentielle, Les Républicains sont plus concernés par la crainte de voir certains des leurs rallier le camp d’Emmanuel Macron, que par les appels de la droite identitaire.

Leur patron, Christian Jacob, a tranché en indiquant qu’aucune alliance n’existerait entre son parti et un autre. «On est Les Républicains, on peut pas être Les Républicains et majorité présidentielle, on peut pas être Les Républicains et Reconquête, on peut pas être Les Républicains et Horizons (le parti créé par Edouard Philippe, ndlr), on est Les Républicains, un groupe indépendant, la double appartenance n'existe pas», a-t-il martelé après une réunion en conseil stratégique.

Le problème est que cette position n’est pas partagée par tous, et que des éléments souhaitent coopérer avec le président réélu. Parmi eux, certains ont un statut important dans le parti, comme Damien Abad, chef de l’actuel groupe parlementaire LR à l’Assemblée, ou les présidents de région Jean Rottner (Grand Est) et Christelle Morançais (Pays de la Loire).

Suffisamment ancrés localement pour mener la campagne des législatives sans alliance, Les Républicains, actuellement deuxième force à l’Assemblée, devront surtout prendre garde à ne pas voir leurs représentants se détourner de la ligne officielle du parti pour rejoindre la majorité.

Que va faire Nicolas Dupont-Aignan ?

Le positionnement de Nicolas Dupont-Aignan va aussi être observé à droite. Si celui-ci est le seul député de son parti Debout le France, son organisation est néanmoins suffisamment organisée pour présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Ce fut le cas en 2017, après l’échec de négociations avec le FN.

Cette année, Eric Zemmour, comme vu plus haut, l’a appelé à rejoindre son «union des droites». S’il venait à le faire, ou bien à se tourner plutôt vers le Rassemblement national ou encore à repartir en solitaire, l’effet serait surtout symbolique.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités