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Crack à Paris : «Il faut intégrer les salles de consommation aux salles de soins», selon Anne Souyris

Jusqu'à 300 consommateurs de crack ont élu domicile, au moins dans la journée, dans le jardin d'Eole, à Paris. Jusqu'à 300 consommateurs de crack ont élu domicile, au moins dans la journée, dans le jardin d'Eole, à Paris. [© GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP]

Un collectif de plus de 80 élus locaux et parlementaires franciliens ont appelé l'Etat, dans une tribune publiée dans Le Monde, à ouvrir d'urgence des structures de prise en charge pour les toxicomanes, notamment à destination des accros au crack en grande déshérence. Parmi eux, Anne Souyris, l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la santé, s'est dit «très inquiète» si aucune solution pérenne n'était trouvée.

Alors que le Jardin d'Eole (18e), choisi par les autorités pour accueillir les toxicomanes du nord-est parisien devenus trop envahissants à Stalingrad (19e), doit être très prochainement évacué, la question de leur prise en charge est loin d'être réglée. Si la municipalité parisienne assure «proposer en vain des solutions», rien de concret ne semble se profiler. Avec le risque que les toxicomanes soient une nouvelle fois déplacés, et que les problèmes d'insécurité et de violences se délocalisent avec eux.

«On est dans une impasse»

«On est dans une impasse», explique Anne Souyris. Pour l'adjointe parisienne chargée de la Santé, «s'il y a une évacuation du jardin d'Eole et rien derrière, c'est l'échec assuré». Avec un ensemble d'autres élus locaux, elle plaide en effet pour la mise en place d'un dispositif de prise en charge globale, avec «un hébergement sanitaire et social adapté» associé à «de nouveaux espaces de consommation» et ce, «au moins dans les 13 Caarud [Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues] parisiens».

Le risque, selon l'élue, est que «les usagers» trop éloignés «des institutions de soin» ne fassent même plus l'effort de s'y rendre et ne trouvent refuge que dans la rue. Pour elle, il faut absolument intégrer des salles de consommations aux centres de soin, afin qu'ils deviennent «des portes d'entrée pour sortir [les consommateurs] de la rue et de la violence». Et d'ajouter : «au fond, il n'y a pas des milliards de solutions [...] si on ne fait pas ça, on va droit dans le mur».

Pour un accompagnement «au moins pour l'été»

Quant à savoir si les toxicomanes pourraient être déplacés dans un autre site parisien, notamment sur la friche Ordener-Poissoniers (18e) située à 1,5 km du jardin d'Eole, Anne Souyris répond que «personne n'a envie de ça». Pour elle, il faudrait «une ou plusieurs structures d'hébergement pour les accueillir le temps qu'on ait une organisation plus pérenne, d'ici à la rentrée». «Mais ça, on ne peut le faire que si le gouvernement est avec nous», admet-elle.

Autre souci selon elle, «le cadre légal qui empêche d'agir». Aujourd'hui en effet, on ne peut fusionner les centres d'accompagnement, tels que les Caarud, aux espaces de consommation, et ce, parce que la consommation de drogues est interdite et répréhensible en France. Résultat : «à chaque fois qu'il y de l'accompagnement, il s'agit en fait d'exceptions, obtenues par dérogation de la loi, avec l'accord de tous les partenaires», explique l'adjointe à la santé, avant de déplorer que cela «nécessite des années de discussions».

Seule solution selon Anne Souyris, «que ces dispositifs soient normalisés [...] et qu'ils puissent s'installer naturellement dans les villes où il y a des scènes de drogue». A la veille de cette évacuation et alors que la maire de Paris, Anne Hidalgo, avait promis que les riverains du jardin d'Eole pourraient "récupérer" leur parc avant la fin du mois de juin, son adjointe appelle l'Etat à agir : «il faut que la situation se débloque et que l'on trouve un accompagnement sanitaire», provisoire s'il le faut, «au moins pour l'été».

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