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Policier tué à Avignon : après l’effroi, la colère

Moins de quinze jours après le meurtre d’une agente administrative, les forces de l’ordre ont été la cible d’une nouvelle attaque, à Avignon. [DENIS CHARLET / AFP]

Le ras-le-bol. Entre les agressions subies, le manque de reconnaissance et de moyens, les forces de l’ordre sont démoralisées.

Moins de quinze jours après le meurtre d’une agente administrative, le 23 avril, au commissariat de Rambouillet (Yvelines), les forces de l’ordre ont été la cible d’une nouvelle attaque. Un brigadier de 36 ans a été tué par balles, mercredi à Avignon (Vaucluse), lors d’une opération anti-drogue. Un drame qui ravive la colère des fonctionnaires, qui réclament depuis longtemps des moyens, davantage de soutien de la justice et plus de reconnaissance des Français.

Pour se faire entendre, l’intersyndicale a annoncé ce jeudi soir l’organisation d’une «marche citoyenne» des policiers le 19 mai à Paris. Un hommage sera également rendu, ce dimanche à Avignon, à leur collègue décédé.

Des revendications claires

Des voitures en panne, du matériel défaillant, des locaux vétustes… Au premier plan des revendications des forces de l’ordre, les conditions de travail difficiles sont pointées du doigt. Des lacunes relevées à plusieurs reprises par le ministre de l’Intérieur : «On n’est pas assez bon pour avoir des preuves, parce qu’il n’y a pas assez de caméras de vidéoprotection ou parce qu’ils n’ont pas assez de moyens et d’effectifs», a martelé Gérald Darmanin. Le but étant de «pouvoir donner et transmettre à la justice les meilleures enquêtes possibles».

L’institution judiciaire est aussi dans le viseur des forces de police, qui réclament plus de fermeté de sa part. Notamment lors­qu’ils sont l’objet d’attaques les ciblant, comme avec des tirs de mortier. Sur CNEWS, l’avocat Laurent-Franck Lienard a appelé au retour des peines plancher, abrogées en 2014. Ces peines minimales étaient prononcées à l’encontre des auteurs récidivistes de crimes ou de délits passibles de trois ans d’emprisonnement. Certains syndicats de police demandent ainsi la suppression des crédits automatiques de réduction de peines pour les auteurs, lorsque les infractions visent plusieurs catégories d’agents publics.

Enfin, les fonctionnaires dénoncent un manque de reconnaissance grandissant et un «police bashing». Sur CNEWS, Abdoulaye Kanté, agent dans les Hauts-de-Seine, a affirmé que les forces de l’ordre étaient la cible de l’«ultraviolence subie au quotidien», tout en regrettant qu’il y ait un «déni sur la haine anti-flic».

Une grande réforme avant 2022

Pour remédier à ce profond malaise, le gouvernement a déjà entamé une grande réforme. Elle concerne le recrutement des policiers, leur formation, leur plan de carrière, mais aussi une nouvelle répartition territoriale des forces de police et de gendarmerie. Elle s’appuie sur le livre blanc, remis en novembre, et prendra en compte les conclusions du Beauvau de la sécurité, qui doit reprendre le 17 mai entre le gouvernement et les syndicats de police. Seront au cœur des discussions : le maintien de l’ordre, les relations avec l’autorité judiciaire, le contrôle interne, les conditions matérielles et la captation vidéo.

Pour les moyens, un plan de relance de 714 millions d’euros a été voté fin 2020 et Emmanuel Macron a promis à la mi-avril de tenir son objectif de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires d’ici à la fin de son mandat (6 214 pour le moment).

Nul doute que l’application des promesses du chef de l’Etat et de son gouvernement sera observée à la loupe par les Français. Le thème de la sécurité étant l’un des thèmes cruciaux de la présidentielle de 2022. 

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