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Paris : bientôt des médecins ou des avocats pour remplacer les commerces fermés ?

[© Philippe LOPEZ / AFP]

Avec la crise économique liée au coronavirus, les rideaux métalliques baissés risquent de se multiplier dans les rues de Paris. Pour tenter d'y remédier, la droite propose que les professions libérales puissent plus facilement s'installer dans les locaux commerciaux vides en rez-de-chaussée.

Médecins, avocats ou encore experts-comptables ont déjà cette possibilité actuellement, sauf que la démarche administrative est longue, complexe et parfois ignorée. Elle passe en effet par un dossier de «changement de destination», qui peut aller jusqu'à un nouveau permis de construire en cas de travaux lourds, ainsi que la validation par la mairie de Paris. Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement et chargé des questions d'urbanisme chez Les Républicains de la capitale, confie donc à Cnews son souhait «de simplifier cette procédure, tout en faisant sa promotion et en accompagnant les volontaires».

Ce fin connaisseur de la ville, en poste depuis plus d'un quart de siècle, a listé une série d'avantages à sa proposition, tant économiques que pratiques. Au pied des immeubles, ces cabinets seraient «plus facilement accessibles» aux personnes handicapées ou âgées, qui n'auraient pas à emprunter ascenseur ou escaliers. D'ailleurs, la transformation des anciens locaux – dans les étages – en habitations pourrait être une des conditions du «deal», propose l'élu LR. De quoi «créer de nouveaux logements et faire baisser le coût de l'immobilier», imagine Jean-Pierre Lecoq. Enfin, cette démarche pourrait permettre de «revaloriser le patrimoine» de ces patrons de petits commerces, souvent principale source de revenu à la retraite.

Des commerces déjà en difficulté

Une idée qui intervient alors qu'une multitude de petits commerces sont sur la sellette à cause des deux confinements, avant la grave crise économique à venir. Le phénomène est très marqué dans la capitale, privée de deux de ses principaux moteurs habituels : les touristes et l'évènementiel. D'autant que ces boutiques, déjà mises à mal par les manifestations des gilets jaunes et contre la réforme des retraites, sont aussi touchées depuis plusieurs mois par «le double effet Amazon-Airbnb», la concurrence cumulée des géants de la vente en ligne et de l'hébergement.

Persuadé de la pertinence de son initiative, le monsieur urbanisme de l'opposition menée par Rachida Dati a donc envoyé une lettre pour détailler son projet à Anne Hidalgo, lundi 16 novembre. «J'attends maintenant la réponse de la maire. Je suis prêt à constituer un groupe de travail pour regarder précisément ce qui peut être fait», souligne Jean-Pierre Lecoq. Avant de préciser sa logique : «Il ne faudrait surtout pas être dogmatique. Je défends la fluidité. La France regorge déjà de technocratie».

Une proposition à laquelle n'est pas réfractaire Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire de la capitale et chargé de l'urbanisme : «c'est une idée intéressante, qui pourrait tout à fait entrer dans le cadre des discussions à venir sur la révision du Plan local d'urbanisme», a-t-il répondu à Cnews en marge du conseil de Paris. Toutefois, le bras droit d'Anne Hidalgo a nuancé en appelant à ne pas créer «une nouvelle règle rigide», qui risquerait «d'ajouter une forte concurrence pour les boulangers ou les bouchers, alors que les professions libérales sont déjà très nombreuses à Paris».

Aujourd'hui, un peu plus de 60.000 commerces et services commerciaux sont installés en rez-de-chaussée dans la capitale, selon les derniers chiffres disponibles, de l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur), remontant à 2017. Dans ces données, apparaissent seulement les professions libérales liées à la médecine (pharmacien, médecin, dentiste, etc.). Elles représentent environ 5.000 locaux en pied d'immeuble.

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