En octobre 2017, le corps d'Alexia, 29 ans, a été découvert, partiellement brûlé et dissimulé sous des branchages, près de Gray (Haute-Saône). Depuis, l'affaire a connu de nombreux rebondissements, rythmée par les versions contradictoires du mari de la victime, Jonathann Daval. Passé aux aveux, ce dernier doit être jugé à partir de ce lundi 16 novembre, devant la cour d'assises de Haute-Saône.
La «disparition»
Au commencement, l'affaire Daval était celle d'une disparition. Le samedi 28 octobre 2017, Jonathann Daval s'était rendu à la gendarmerie de Gray pour exprimer son inquiétude : selon lui, sa femme Alexia, partie faire un footing, tardait à rentrer.
Au travail des forces de l'ordre s'était ajouté la mobilisation des habitants des communes alentours, rassemblés lors de «battues citoyennes» pour retrouver la jeune employée de banque. Le corps sans vie d'Alexia avait été finalement retrouvé par des élèves gendarmes, le 30 octobre 2017, dans un bois près de Gray.
Les résultats de l'autopsie, révélés le 4 novembre de la même année, montraient que la victime avaient été étranglée. Dans la petite commune de Haute-Saône, l'hypothèse d'une mauvaise rencontre lors du jogging suscitait alors l'inquiétude.
La marche blanche
Le visage dévasté de Jonathann Daval, lors de la marche blanche en hommage à son épouse, le 5 novembre 2017, avait ému de nombreux Français. En larmes et soutenu par les parents de la victime, le jeune homme peinait à s'exprimer.
«La force de notre couple nous faisait nous dépasser, dans nos sorties et dans notre vie commune. Cette plénitude me manquera terriblement». Alexia «était ma première supportrice, mon oxygène», parvenait-il péniblement à articuler.
L'événement avait rassemblé entre 8.000 et 10.000 personnes dans la commune de Gray, qui ne compte que 5.000 habitants. L'inhumation d'Alexia avait eu lieu peu de temps après, le 8 novembre.
Les aveux puis la rétractation
D'abord entendu comme témoin, Jonathann Daval avait été interpellé le 29 janvier 2018. Les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Besançon (Doubs) l'ont soupçonné après avoir étudié les données du système de traçage de son véhicule professionnel. Des marques de pneus relevées près du corps sans vie d'Alexia correspondaient à cette même voiture et le drap retrouvé sur la dépouille menait également au mari de la victime.
Ce dernier avait nié les faits dans un premier temps, avant d'avouer. Il avait expliqué que de vives tensions existaient au sein du couple, principalement à cause de leurs difficultés à concevoir un enfant. Jonathann Daval avait raconté avoir tué sa femme lors d'une dispute qui a dégénéré.
Quelques mois plus tard, le 27 juin 2018, il était revenu sur ses déclarations face au juge d'instruction pour accuser son beau-frère, Grégory Gay. Selon cette nouvelle version, Alexia se trouvait chez ses parents lorsqu'elle a fait une crise d'hystérie. Le mari de sa soeur l'aurait étranglée en tentant de la contenir et la famille de la victime aurait passé «un pacte secret pour étouffer l'affaire», d'après Jonathann Daval.
De nouveaux aveux
Dans l'espoir d'éclaircir cette affaire, une confrontation avait été organisée le 7 décembre 2018. Jonathann Daval s'était alors retrouvé face à ses beaux-parents, sa belle-soeur mais aussi face au mari de cette dernière, Grégory Gay, qu'il avait accusé dans sa dernière version des faits.
Lors de cette rencontre riche en émotions, la mère de la victime, Isabelle Fouillot, lui avait demandé de sortir du «déni». Elle lui aurait notamment montré une photo du chat du couple Daval, Happy, en lui disant : «Si tu veux qu'on te pardonne, il faut qu'on comprenne». Jonathann Daval avait alors craqué et de nouveau avoué le meurtre de sa femme, Alexia. «C'était un accident, je ne l'ai pas voulu», avait-il ajouté.
La reconstitution
Le 7 juin 2019, lors d'une reconstitution des faits, Jonathann Daval avait donné davantage de détails sur ce qu'il s'est passé dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017. Selon lui, une violente dispute avait éclaté après qu'il eut refusé une relation sexuelle. Alexia lui aurait notamment reproché «de ne pas être un homme». Il évoque ici une compagne «violente en paroles et en actes» qui l'«humiliait» régulièrement.
Il avait ajouté avoir frappé sa femme avant de l'étrangler avec ses deux mains pendant quatre à cinq minutes. Il avait également reconnu, pour la première fois, avoir tenté d'incendier le corps. Des déclarations qui, cette fois-ci, semblaient davantage en accord avec les constatations médico-légales.
Accusé de «meurtre sur conjoint», Jonathann Daval sera jugé à Vesoul à partir de ce lundi et jusqu'au 20 novembre. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.