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Violences conjugales : 45.000 appels passés au 3919 pendant le confinement

Les écoutantes du 3919 n'ont pu prendre en charge que quelque 15.000 appels, soit un tiers seulement de tous les appels. Les écoutantes du 3919 n'ont pu prendre en charge que quelque 15.000 appels, soit un tiers seulement de tous les appels. [Jacques DEMARTHON / AFP]

Pendant le confinement, près de 45.000 appels ont été passés au 3919, le numéro d'écoute à destination des femmes victimes de violences, selon un rapport interministériel publié mercredi 29 juillet. Soit une hausse non négligeable par rapport aux mois précédents.

En effet, sur le seul mois d'avril, la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), qui gère le 3919, a reçu 29.400 appels, soit trois fois plus que la moyenne mensuelle depuis octobre 2019. «A partir de fin mars 2020 et particulièrement de mi-avril, le nombre d’appels reçus connaît une très forte hausse, preuve que le confinement a eu un effet sur les révélations de faits de violence», indique le rapport de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF).

Mais toutes les victimes n'ont pas pu recevoir de réponse. Les écoutantes du 3919 n'ont pu prendre en charge que quelque 15.000 appels, soit un tiers seulement de tous les appels. «L’augmentation des appels perdure depuis le 11 mai», date de la fin du confinement, note le rapport.

Par ailleurs, durant cette période de confinement, les femmes victimes de violences étaient souvent confinées avec leur agresseur, expliquant sans doute l' «essor exceptionnel» des moyens de communication «silencieux», mis en avant par la Mission interministérielle. Notamment de la plate-forme de signalement des violences sexistes et sexuelles «Arrêtons les violences» : les tchats sur celle-ci ont été multipliés par 4,4 par rapport à la même période en 2019, et même par 17,1 si l'on ne prend que les faits de violences intrafamiliales. Le nombre de SMS envoyés au 114, numéro d'urgence destiné aux personnes sourdes et malentendantes mais élargi aux victimes de violences conjugales le 1er avril, a lui été multiplié par trois.

Plusieurs dispositifs créés spécialement par l'Etat pour la période du confinement, dans les pharmacies et les centres commerciaux, «ont fait la preuve de leur efficacité» selon le rapport. Mais les chiffres sur les personnes prises en charge restent faibles. Le système d'alerte pour les victimes de violences conjugales dans les pharmacies n'a permis que 8 signalements, dont 5 interpellations immédiates. Les points d'accueil éphémères installés dans les centres commerciaux ont eux permis d'accompagner 412 femmes, 52 hommes et 33 enfants.

2.900 faits enregistrés par les tribunaux

Quant au traitement judiciaire de ces actes, 2.900 faits de violences conjugales ont été enregistrés par les tribunaux pendant le confinement, dont 430 ont déjà été jugés. «A ce stade, les données du ministère de la Justice ne permettent pas de savoir si le nombre de faits de violences intrafamiliales enregistrés par les tribunaux a augmenté au cours du confinement», précise le rapport, soulignant que la pandémie de coronavirus a ralenti le fonctionnement de la justice durant cette période.

«Le rapport d’Elisabeth Moiron-Braud (secrétaire générale de la MIPROF, NDLR) permet de mettre en avant les bonnes pratiques et initiatives innovantes prises durant cette période exceptionnelle que nous devrons, pour celles qui ont fait leur preuve, pérenniser afin de toujours mieux repérer, protéger et accompagner les victimes», a réagi la ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno dans un communiqué.

Le rapport recommande notamment d'étendre les horaires d'ouverture du 3919 pour le rendre disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, comme promis lors du «Grenelle contre les violences conjugales» l'an dernier, de maintenir le signalement des violences conjugales par SMS via le 114 et physiquement dans les pharmacies, d'encourager le développement de permanences d'accompagnement dans les centres commerciaux, ou encore de développer la prise de contact via WhatsApp, Snapchat ou TikTok, afin de pouvoir toucher les victimes les plus jeunes.

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