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Qui est le «sniper français de Daesh», dont le procès a débuté à Paris ?

(Image d’illustration) l’accusé a reconnu avoir participé à des combats, notamment près d’Alep en 2014.[GIUSEPPE CACACE / AFP]

Ce jeudi a commencé à la cour d’assises spéciale de Paris le procès de Khassanbek Tourchaev, Français d’origine tchétchène, accusé d’avoir dirigé des combattants de Daesh en Syrie et d’avoir formé des snipers dans ses rangs.

Il est poursuivi pour «participation à un groupement en vue de la préparation de crimes d’atteintes aux personnes terroristes».

L’homme de 49 ans, reconnaissable à ses longs cheveux blonds et sa barbe fournie, a affirmé depuis le début de l’instruction s'être rendu en Syrie pour aller chercher deux de ses frères partis y combattre Bachar al-Assad (ils y sont morts). Là-bas, il est accusé d’avoir intégré dès 2013 le groupe jihadiste Ahrar al-Cham, d’abord proche d’Al Qaïda puis de Daesh. Il aurait d’ailleurs rencontré directement le bras droit de l’ancien chef islamiste, Abou Bakr al-Baghdadi, tué en octobre par les forces spéciales américaines, révèle Le Parisien.

Chef et sniper

Khassanbeck Tourchaev n’aurait pas été qu’un soldat parmi les autres. Pour l’accusation, il avait sous ses ordres «pendant plusieurs mois» un «groupe de combat». Il a d’ailleurs reconnu avoir effectué des patrouilles et participé à une bataille près d’Alep, en juin 2014. Mais son rôle ne s’arrêtait pas là. Il aurait également été «formateur expert en explosif» et se serait spécialisé comme sniper (tireur de précision), indique la chambre d’instruction de Paris. Il a expliqué aux enquêteurs avoir aussi surveillé des otages, sans en avoir exécuté aucun.

Lors de son interpellation en Moldavie en été 2015, alors qu’il revenait de Turquie, deux téléphones portables avaient été saisis en sa possession. Des images liées à Daesh y avaient été découvertes, tel que des centaines de vidéos de décapitation et des documents d’entrainement aux techniques de sniper et tactiques d’assaut.

«trouble sévère de la personnalité»

«Très intelligent», selon un expert psychiatre, «véritable Casanova», selon l’une de ses quatre épouses, il affirme souffrir de problèmes de mémoire depuis 2015 et une balle reçue dans la tête. Khassanbeck Tourchaev martèle aussi avoir été victime de tortures à l’électricité sur les parties génitales, après son arrestation. Les expertises médicales ont évoqué pour leur part un «trouble sévère de la personnalité, de type paranoïaque», marquant une «double dangerosité, à la fois criminologique et psychiatrique».

Connu pour extrémisme religieux depuis 2005, naturalisé en 2008

Interrogé jeudi par la présidente sur sa vie privée, l'accusé a décrit une vie familiale complexe. Né à Grozny, aîné d'une fratrie de quatre garçons et une fille, fils d'un ancien ministre tchétchène qui aurait perdu toute sa fortune lors de la guerre de 1999-2000, ses frères auraient ensuite travaillé dans des champs de pétrole, tandis que sa mère tenait un commerce. Il était arrivé en France en 2002, avant d'obtenir l'asile politique, puis d'être naturalisé en 2008. Il résidait en Alsace avant son départ pour la Syrie. 

Selon l'enquête, le jihadiste présumé était connu des renseignements français depuis 2005, notamment pour son extrémisme religieux. Face aux enquêteurs, il s’est dit opposé aux attentats commis en Europe, indiquant sa «gratitude» à la France. Cependant, des documents audio révèlent des paroles prononcées à son jeune frère en avril 2015, l’incitant à «à voler tout ce qu'il peut, dans les magasins, aux gens… De tout casser, mettre le feu car c'est tout ce que ces ordures de Français méritent», selon Le Parisien. Il les a expliqués en les mettant sur le compte d’une «dépression».

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