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Centre Pompidou Metz : l’une des cinq œuvres taguées par une militante serait détruite 

Valie Export est la photographe dont l'oeuvre a été peut-être irréversiblement endommagée. Valie Export est la photographe dont l'oeuvre a été, peut-être, irréversiblement endommagée. [JOE KLAMAR / AFP]

Lundi 6 mai, l'activiste Deborah de Robertis menait une opération militante au Centre Pompidou Metz, en aspergeant de peinture cinq œuvres. L’une d’elles serait même détruite, d'après son autrice.

L’opération militante menée lundi 6 mai au Centre Pompidou Metz pourrait avoir de lourdes répercussions financières. Sous la direction de la militante franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, deux femmes se sont introduites au 2e étage du Musée Pompidou Metz pour se rendre à l’exposition «Lacan, quand l’artiste rencontre la psychanalyste». Mais cela n’avait rien d’une visite de courtoisie. Elles se sont explicitement rendues à l’exposition afin de taguer «#MeToo» sur cinq œuvres. Elles ont depuis été mises en examen. 

Sur les cinq tableaux vandalisés, dont le célèbre tableau «L’Origine du monde» de Gustave Courbet, quatre étaient protégés d’un verre de protection. Mais ce n’était pas le cas de la photographie «Aktionhose : Genitalpanik», de l’artiste autrichienne Valie Export, de son vrai nom Waltraud Lehner. 

D’importants dégâts constatés sur l'œuvre 

Dans un communiqué, le musée avait annoncé que toutes les œuvres allaient être examinées. S’il est encore trop tôt pour dire si les dégâts sont irréversibles, la photographie de l’artiste autrichienne a été fortement endommagée. 

Le cliché en noir et blanc représente l'artiste elle-même avec une arme à la main, un blouson en cuir et un pantalon dévoilant son sexe. Il a été pris en 1968, selon le compte Instagram de la photographe, qui s’est insurgée des préjudices causés à sa réalisation.  

«Chaque œuvre d’art a son propre langage, un langage que les artistes donnent à leurs œuvres d’art. Il s’agit d’un langage autonome, un langage autonome dans lequel on ne peut intervenir sans le consentement de l’artiste», a-t-elle écrit. «Si ce langage autonome est violé par une intervention non autorisée par l’artiste, l’autonomie de l’œuvre d’art est détruite.» Ce message a été affiché à la place de la photographie de la créatrice, sur les murs de l’exposition. 

L’artiste militante assume son geste  

Déborah de Robertis est une adepte des opérations de ce genre. C’est par exemple elle, qui, en 2018 s'était dénudée, les mains jointes et la tête recouverte d'un voile bleu, à l'entrée de la Grotte du sanctuaire de Lourdes où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie était apparue à Bernadette Soubirous en 1858. 

Elle a revendiqué sur son compte Instagram être l'organisatrice exclusive de cette performance. Elle a indiqué sur le réseau social avoir transmis une lettre à Valie Export le jour même des tags, lui demandant de «soutenir» son initiative.«Il ne s’agit pas d’une offense, je considère votre travail comme très inspirant, a t-elle loué, mais il s’agit de vous demander une position en tant que femme artiste dans le mouvement Me Too». 

«J’aimerais que vous puissiez au moins envisager de laisser l’œuvre d’art comme ça, comme une collaboration entre nous deux», a-t-elle osé proposer.  

Dans un communiqué publié mercredi 8 mai sur son compte Instagram, l’artiste a une nouvelle fois justifié son geste en précisant les objectifs de son opération, à savoir «dénoncer les abus de pouvoir et les abus sexuels qui sévissent depuis des décennies dans le monde de l’art», et «mettre un terme à cette domination».  

Yves Badorc, procureur de la République de Metz, a estimé auprès de l’Est Républicain que l’ouverture d’une information judiciaire pour «dégradation ou détérioration de biens culturels commis en réunion» allait « permettre d’estimer le préjudice». 

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